Outre la création de deux réserves interdites à la pêche, l'originalité du PMCB réside dans l'utilisation de récifs artificiels, avec le déploiement de 4 884 m3, à la fois pour la production et la protection contre le chalutage illégal. Le succès des récifs de protection est illustré à la figure 3, avec la route du chalutage illégal tracée avant (1995) et après le déploiement des récifs et la création de la réserve d'interdiction de pêche à Couronne (1997). Les résultats sont la diminution de la pression de pêche sur la bande côtière, par l'élimination des activités de chalutage illégal, qui ne sont pas sélectives (beaucoup de juvéniles sont capturés) et la mortalité par pêche des juvéniles est le principal facteur de la baisse des captures. L'efficacité des récifs anti-trawling a permis un meilleur partage de l'espace et des ressources entre les pêcheurs locaux. L'autre effet essentiel des récifs de protection est de préserver les habitats naturels les plus productifs et les plus fragiles( herbiers deposidonies et récifs coralligènes) de la destruction mécanique par les chalutiers. Ces dommages ont des répercussions écologiques et économiques importantes, car ces habitats servent de frayères, de nurseries, de zones de recrutement et d'alimentation pour la plupart des ressources exploitées.
La volonté des petits pêcheurs artisanaux locaux d'éviter le chalutage illégal dans les 3 NM, en particulier dans les habitats sensibles. Les pêcheurs ont décidé eux-mêmes de créer une deuxième réserve d'interdiction de pêche dans le PMCB en 1996 : Couronne (210 ha), qui se trouve à proximité d'un cap, avec une grande biodiversité et de riches ressources exploitées, en particulier une célèbre zone de frai pour le bar pendant l'hiver. Les pêcheurs souhaitaient protéger la réserve interdite par un déploiement complémentaire de récifs anti-trawling autour et à l'intérieur de la réserve.
Une gestion adaptative est nécessaire et le PMCB s'est construit sur les forces et faiblesses du contexte local : les récifs artificiels ont joué un rôle dans la résolution des antagonismes et des conflits entre la pêche artisanale et la pêche illégale au chalut.
Dans le Parc Marin de la Côte Bleue, les deux catégories de récifs artificiels (récifs de production et récifs de protection) sont indissociables des deux réserves interdites. Ces outils de gestion ont fonctionné de manière complémentaire et ont contribué à la préservation de la pêche artisanale traditionnelle sur le territoire de la Côte Bleue, alors que ces activités de pêche diminuent dans les zones voisines.
Les récifs artificiels ont bien fonctionné et les récifs de protection ont joué un rôle de police 24h/24. Le déploiement de 326 modules lourds créant 17,5 km de barrières permet de réduire la pêche illégale, de protéger les habitats naturels sensibles et de permettre un meilleur partage de l'espace et des ressources entre les pêcheries.