Mers durables : lutte contre les pratiques de pêche destructrices dans la province d'Inhambane, au Mozambique

L'océan mozambicain abrite une précieuse biodiversité marine et la province d'Inhambane est l'un des rares endroits où l'on peut observer des requins-baleines et des raies manta tout au long de l'année. La pêche artisanale et le tourisme sont essentiels à l'économie du pays. La pêche artisanale et le tourisme sont essentiels à l'économie du pays, mais tous deux sont menacés par des pratiques de pêche persistantes et destructrices. Pour faire face à cette menace, Marine Megafauna Foundation (MMF) s'attaque aux causes profondes en éduquant les communautés locales et en leur donnant les moyens de gérer leurs ressources marines de manière durable grâce à une éducation innovante, à une recherche pionnière et à l'autonomisation des communautés.
Le projet MMF Sustainable Seas crée un réseau efficace de zones marines gérées localement le long de la côte d'Inhambane, avec une activité de pêche durable dans les eaux les plus bio-diverses. L'amélioration des connaissances scientifiques sur les espèces et les pêcheries clés, combinée à une gestion responsable des ressources marines, atténue les menaces qui pèsent sur les espèces vulnérables et aide les communautés à protéger leurs précieuses ressources naturelles.
Contexte
Défis à relever
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Établissement d'un consensus sur la restructuration du Conseil communautaire de la pêche (CCP) à Tofo, et donc peu de progrès vers la mise en œuvre des zones marines gérées localement (LMMA).
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Difficulté à établir un consensus entre les communautés voisines qui pêchent au même endroit lorsque l'on décide de mettre en œuvre une ZGP.
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La méconnaissance de la nouvelle réglementation sur la pêche (REPMAR) au sein des communautés et la faible application de la loi par le gouvernement, et donc par la communauté elle-même.
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Compréhension limitée de l'existence et des avantages des LMMA par les pêcheurs, manque de formation sur la gestion des LMMA, manque de structures de gestion.
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Faible participation de nombreux membres de la communauté aux réunions de prise de décision, ce qui a conduit à des désaccords sur les ZMPM à Barra.
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Le COVID-19 a limité la communication avec les communautés, ce qui a retardé les activités du projet à partir de 2020.
Emplacement
Traiter
Résumé du processus
Les communautés sont pleinement impliquées dans la gestion de leurs ressources, puisqu'elles gèrent officiellement leurs zones marines, les LMMA. Elles sont soutenues dans cette démarche par leur implication dans le développement de moyens de subsistance alternatifs, les associations communautaires et l'éducation. Les ambassadeurs de l'océan agissent comme des champions locaux qui renforcent la sensibilisation et l'engagement des communautés auprès de leurs pairs.
Blocs de construction
Quatre communautés de pêcheurs gèrent avec succès des LMMA le long de la côte d'Inhambane.
Grâce à la création d'un réseau efficace de zones marines gérées localement (LMMA) le long de la côte d'Inhambane et à une activité de pêche durable dans les eaux les plus bio-diverses, le MMF vise à atténuer les menaces qui pèsent sur les espèces vulnérables.
Les activités communautaires ont été couronnées de succès grâce au suivi des résultats et des menaces en matière de conservation et à la prévention des activités de pêche destructrices (Tofo, Barra, Rocha, Morrungulo).
Facteurs favorables
La réalisation des objectifs proposés était cruciale :
- Ateliers de formation pour les CCP, les dirigeants, la police côtière et les pêcheurs sur la gestion des ressources marines et les LMMA.
- Mise en place de LMMA et de fermetures de récifs par la recherche d'un consensus, l'engagement avec les autorités locales, provinciales et nationales, des conseils scientifiques et un soutien à la mise en œuvre.
- Élaboration de plans de gestion marine avec les communautés.
Leçon apprise
Grâce à la conservation et à une meilleure gestion des ressources marines, en particulier de la mégafaune, toutes les communautés côtières des zones de projet bénéficieront indirectement de revenus durables provenant de la pêche et du tourisme.
Un réseau d'ambassadeurs et de gardiens de l'océan passionnés et influents issus de cinq communautés
Avec pour objectif de promouvoir des pratiques de pêche durables et la protection de leur écosystème marin (Tofo, Barra, Rocha, Morrungulo, Bazaruto), l'organisation aidera également les communautés à protéger leurs précieuses ressources naturelles pour les générations futures, en s'appuyant sur une meilleure connaissance scientifique des espèces clés et des pêcheries, sur une gestion responsable des ressources marines et sur des moyens de subsistance alternatifs, ainsi que sur la création d'un réseau d'ambassadeurs et de gardiens de l'océan sensibilisés à la protection de leurs eaux.
Facteurs favorables
Dans cette optique, nous avons mis en place notre club pilote Coral Reef. Ce club s'adresse aux jeunes de 16 à 21 ans qui ont terminé notre programme Nemos Pequenos et leur offre la possibilité de renforcer leurs capacités et d'acquérir des compétences utiles dans la vie courante. Déjà très populaire, il remplit deux fonctions très importantes au sein de la communauté, en fournissant : 1) une éducation permanente à la conservation marine et 2) une aide à la recherche de moyens de subsistance (autres que la pêche) grâce à des stages professionnels dans des entreprises locales et à l'acquisition de compétences en matière d'emploi.
Leçon apprise
Nous devons intensifier nos efforts et nous appuyer sur nos premiers succès. Nous voulons approfondir nos recherches sur les raisons du déclin rapide de la mégafaune marine, continuer à former les ambassadeurs et gardiens des océans de demain et étendre la portée de nos efforts de conservation le long du littoral.
Engagement communautaire par le biais d'activités d'autonomisation
Afin de garantir la durabilité et l'efficacité à long terme, ces zones sont gérées par la communauté, avec l'aide de l'Union européenne :
- Élaboration d'un guide du consommateur de poisson durable à l'intention des restaurants et des touristes, grâce à des recherches sur le poisson durable, les pratiques de pêche, les chaînes d'approvisionnement en poisson et la demande.
- Mise en place de 5 associations de moyens de subsistance telles que les VSLA
- Étude de faisabilité pour le développement de coopératives de pêche durables
- Formation et équipement des pêcheurs en tant que gardes-côtes pour surveiller les pratiques de pêche.
Ces activités ont permis de réduire les méthodes de pêche artisanale destructrices et sans discernement ainsi que la surpêche dans quatre communautés de pêcheurs afin de réduire la pression non durable sur les stocks de poissons et la capture d'espèces vulnérables (Tofo, Barra, Rocha, Morrungulo et potentiellement Bazaruto).
Facteurs favorables
Les communautés sont responsabilisées par la gestion de leurs zones marines et par des activités éducatives, ainsi que par l'amélioration de leurs moyens de subsistance. Elles s'engagent donc dans la sauvegarde de leurs ressources, au lieu d'utiliser des méthodes de pêche destructrices.
Leçon apprise
- L'identification et le soutien d'autres formes de moyens de subsistance pour les ménages de pêcheurs contribuent à réduire leur dépendance à l'égard des méthodes de pêche destructrices et à réduire l'impact des fermetures de récifs sur le statut économique et la sécurité alimentaire de leurs familles.
- La mobilisation sociale et la sensibilisation sont essentielles pour faire pression en faveur d'un changement de comportement et de pratiques au niveau local et provincial.
Impacts
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Deux fermetures temporaires de récifs gérées par la CCP locale et couronnées de succès
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Un PCC plus fort et plus autonome
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Engagement des autorités locales dans les discussions sur les LMMA
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37 ambassadeurs locaux des océans
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600 membres de la communauté participant aux activités de sensibilisation organisées et soutenues par les ambassadeurs de l'océan
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8 femmes issues de ménages de pêcheurs aidées à créer leur propre entreprise d'écotourisme, 2 ménages de pêcheurs ayant diversifié leurs actifs/revenus et 3 pêcheurs ayant été placés en apprentissage.
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116 membres de la communauté dans 6 programmes VLSA actifs
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Début de notre projet de surveillance des poissons de récif. En novembre 2017 et mars 2018, nous avons effectué un suivi sur 5 récifs à Tofo et réalisé un total de 148 transects.
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Trois chercheurs mozambicains ont appris avec succès à nager, à faire de la plongée sous-marine et à participer à la surveillance des récifs, à contribuer à des articles scientifiques et à interagir avec les décideurs politiques.
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Suivi quasi quotidien des observations de la mégafaune et création d'une base de données contenant 10 ans d'informations sur les observations, les conditions environnementales et les activités de pêche.
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Publication d'articles scientifiques par des chercheurs clés du MMF, qui ont contribué à l'augmentation du statut de protection des requins-baleines de vulnérable à en danger sur la liste rouge de l'UICN en 2016.
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Recherche sur la contribution du tourisme des raies manta à l'économie mozambicaine en 2016
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Une amélioration significative des méthodes de pêche artisanale
Bénéficiaires
Total des bénéficiaires directs : 10 171 personnes
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Dirigeants locaux et pêcheurs formés à la conservation du milieu marin et aux LMMA
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Enfants bénéficiant de cours sur la conservation du milieu marin, la natation et la sécurité aquatique
Total des bénéficiaires indirects : 32 000 personnes
Objectifs de développement durable
Histoire
Grâce à des conditions environnementales uniques, les eaux riches en plancton au large de la province d'Inhambane au Mozambique sont un point chaud critique pour plus de 30 espèces d'élasmobranches vulnérables et menacées, y compris les requins-baleines et les raies manta. Cependant, depuis 2005, MMF a constaté un déclin de 98 % et 79 % des observations de raies manta et de requins-baleines respectivement, les prises accidentelles de la pêche artisanale constituant une menace prédominante pour leur existence.
La MMF a été témoin de l'impact dévastateur des filets maillants et d'autres méthodes de pêche destructrices. Or, la pêche est un moyen de subsistance fondamental et une source de nourriture. Les eaux du Mozambique sont surexploitées et il devient de plus en plus difficile de maintenir la pêche artisanale. La surpêche, l'absence de gestion et la forte demande entraînent l'adoption de méthodes plus destructrices. Il s'agit notamment de laisser les filets maillants ouverts pendant de longues périodes, d'utiliser des filets traînants à petites mailles, de pratiquer une pêche intensive au harpon et de surpêcher les récifs peu profonds qui servent de nurseries aux poissons. Des conseils communautaires de pêche sont présents, mais leurs activités sont limitées par le manque de ressources, le manque de connaissances et les demandes concurrentes des différentes parties prenantes. Le tourisme marin est également une source importante d'emplois à Inhambane, le tourisme des raies manta rapportant à lui seul 34 millions de dollars par an au pays. Mais cette importante source de revenus est menacée. Ce projet s'attaque aux menaces qui pèsent sur la mégafaune marine, tout en s'efforçant de réduire l'impact de la surpêche sur la pauvreté et la préservation des ressources naturelles. Nous nous concentrons principalement sur la réalisation de l'ODD 14. Ce projet contribue également aux OMD 1, 2, 8 et 12.
Les fondateurs de MMF sont actifs au Mozambique depuis 2005 et mènent des recherches sur les raies manta et les requins-baleines. Les deux fondateurs jouent un rôle important au niveau mondial dans la protection de ces gentils géants grâce aux évaluations de la liste rouge de l'UICN et au groupe de spécialistes des requins de l'UICN. Le MMF a été créé à Tofo, dans la province d'Inhambane, en 2009.
Notre travail sur la pêche durable menée par les communautés a commencé à Tofo en 2016, où nous avons coordonné avec succès la première fermeture d'un récif océanique. MMF est reconnu et respecté au niveau national et a été invité à participer à l'élaboration d'un plan d'action national pour la conservation des requins et des raies.