
Système de Semences de Qualité Déclarée (SQD) à Madagascar : Une approche durable pour améliorer la résilience agricole

L’agriculture, moteur de l’économie régionale de Madagascar, repose sur l’accès des producteur·rice·s à des semences performantes et adaptées aux conditions agroécologiques locales. Dans cette optique, le SQD se présente comme une approche innovante visant à améliorer la production et la disponibilité des semences de qualité dans la région Boeny. En proposant des formations aux paysan·ne·s multiplicateur·rice·s, en assurant une meilleure diffusion des variétés adaptées, et en renforçant les structures locales du marché semencier, ce système contribue à répondre aux défis agroécologiques tout en soutenant le développement agricole régional. La mise en place de ce système SQD a surtout pour objectif de renforcer le cadre normatif existant en matière de semences, de valoriser les variétés locales performantes, et de renforcer les compétences des paysan·ne·s multiplicateur·rice·s de semences (PMS) pour leur permettre de bien appliquer les normes SQD.
Contexte
Challenges addressed
Environnementaux : La disparition progressive des variétés locales menace la biodiversité agricole et réduit l’adaptabilité des cultures aux conditions climatiques changeantes. L’absence de pratiques standardisées pour la conservation des semences accentue l’érosion génétique et la perte de ressources phytogénétiques adaptées aux spécificités agroécologiques locales.
Sociaux : Les agriculteurs ont un accès limité aux semences de qualité, ce qui affecte leurs rendements et leur sécurité alimentaire. Le manque de formation du marché semencier empêche une large adoption des bonnes pratiques agricoles et renforce la dépendance des producteurs aux semences de faible qualité issues du marché informel.
Économiques : Le coût élevé des semences certifiées rend leur acquisition difficile pour de nombreux petits exploitants. Le manque d’infrastructures pour la production et la distribution de semences de qualité limite leur disponibilité sur les marchés locaux, freinant ainsi la compétitivité des agriculteurs.
Emplacement
Traiter
Summary of the process
L’élaboration des (1) normes de certification SQD garantit un cadre structuré et adapté aux réalités locales. Ces normes facilitent (2) l’inscription des variétés locales, assurant leur reconnaissance officielle après des tests rigoureux (DHS et VATE). En parallèle, (3) la formation des paysan·ne·s multiplicateur·rice·s de semences leur permet d’appliquer ces normes et d’améliorer leurs pratiques agricoles. L’interaction entre ces éléments assure la production de semences de qualité, renforce la résilience agricole et structure le marché semencier local. L’implication des institutions et des producteurs garantit la durabilité et l’expansion du système.
Building Blocks
Elaboration et validation des Normes sur la production de semences SQD
Les normes de production de semences dans la certification selon le système SQD constituent l’une des spécificités et la principale raison de la mise en place de ce système. En effet, les normes en SQD sont plus souples et prennent concrètement en compte le contexte local du lieu de production des semences. Dans le cas de la région Boeny, les normes de base adoptées pour la production de semence certifiée SQD concernent surtout :
- Les règles de cultures : origine de la semence mère ; l’isolement spatial du champ de culture de tout pollen indésirable ; le précédent cultural ; l’association culturale possible ; l’état phytosanitaire des plantes dans les champs de multiplication de semence.
- Les contrôles aux champs : le nombre de contrôles aux champs qui doit se faire durant la période du calendrier cultural où les caractères distinctifs des variétés sont les plus faciles à remarquer ; l’isolement spatial du champ de culture ; l’isolement temporel par un décalage de jours de floraison au cas où l’isolement spatial n’est pas possible ; la pureté variétale, c’est-à-dire l’homogénéité des caractéristiques variétales des cultures aux champs.
- Les normes technologiques qui sont vérifiées au laboratoire et qui permettent d’assurer la qualité des semences : la teneur maximale en eau des semences ; la pureté spécifique ; la pureté variétale ; le taux de germination ; le nombre de générations.
- Les contrôles de lots dans les magasins de stockage et la quantité maximale d’un lot de semence.
Enabling factors
- La supervision du Service Officiel de Contrôle et de Certification (SOC) pour garantir la crédibilité des normes.
- La participation active des acteurs régionaux, notamment la Direction Régionale de l’Agriculture et de l’Élevage (DRAE), FOFIFA, les organisations paysannes et le Comité Régional Consultatif d’Inscription des Variétés (CRCIV).
- L’adaptation des normes en tenant compte des réalités locales et des contraintes des producteurs.
Lesson learned
- La validation des normes nécessite un processus participatif avec divers acteurs pour assurer leur acceptation et applicabilité.
- La validation des normes à travers un processus structuré de travail en groupe, suivi d’une restitution en séance plénière, s’est révélée efficace pour assurer un consensus solide sur les résultats.
- Il est essentiel d’intégrer une représentativité équilibrée des zones agroécologiques pour garantir une adoption généralisée.
- La prise en compte explicite des zones agroécologiques était essentielle pour garantir la représentativité, la crédibilité et la pertinence opérationnelle des normes adoptées.
Inscription d’une variété locale dans le Registre SQD Boeny
Toute nouvelle variété ne peut être commercialisée que si elle est inscrite au catalogue officiel ou au registre des semences de qualité déclarée. Pour obtenir cette inscription, la variété doit satisfaire aux critères de deux types d’épreuves officielles : la Distinction, Homogénéité et Stabilité (DHS) pour toutes les espèces et la VATE (Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale) pour les espèces agricoles. Le DHS permet de vérifier que la variété est distincte des variétés notoirement connues, homogène et stable, c’est-à-dire qu’elle conserve ses caractéristiques phénotypiques de génération en génération. La VATE fournit des informations essentielles sur les caractéristiques agronomiques et qualitatives de la variété.
Afin de pouvoir inscrire une variété locale ou traditionnelle ou paysanne dans le Registre SQD Boeny, plusieurs étapes doivent être suivies selon le manuel d’inscription des variétés. Le Registre des espèces et variétés exploitées dans le système SQD contient la liste des semences et plants de variétés pouvant être produits selon le système de certification dans la région Boeny et commercialisés sur le territoire régional et si le SOC l’autorise, sur le territoire national.
Enabling factors
- Une coopération étroite entre le centre de recherche FOFIFA et le SOC pour réaliser les tests DHS et VATE.
- L’utilisation de la diversité agroécologique de la région Boeny, notamment la toposéquence baiboho, pour accélérer les tests en réalisant deux saisons de culture par an.
- L’implication des paysans dans les activités de caractérisation et d’homogénéisation des variétés.
Lesson learned
- L'inscription des variétés est une étape longue et critique qui nécessite une planification rigoureuse et une coordination efficace entre les différents acteurs.
- Les tests DHS et VATE doivent être analysés séparément, mais mis en place simultanément pour optimiser le temps.
- Une communication régulière des résultats aux membres décisionnaires du CRCIV est cruciale pour assurer la transparence et l’efficacité du processus.
Resources
Formation des paysan·ne·s multiplicateur·rice·s de semences sur le système SQD
Lors de la mise en place de cette approche, une collaboration avec le ministère en charge de l’agriculture a été menée afin de former les agriculteur·rice·s membres des groupements partenaires en vue de l’agrément de leurs établissements semenciers. Dans le cadre du nouveau système de certification, l’agrément d’un établissement semencier peut être réalisé en parallèle avec la certification des semences. Les normes appliquées dans ce système diffèrent de celles utilisées dans la production semencière conventionnelle. La formation vise à clarifier ces différences et à mettre en avant les avantages du nouveau cadre de production. Elle se déroule sur quatre jours consécutifs, comprenant trois jours de sessions théoriques en salle et une demi-journée consacrée aux travaux pratiques sur le terrain. Les formations sont assurées exclusivement par des spécialistes et des technicien·ne·s qualifié·e·s. L’objectif principal est de former les agriculteur·rice·s aux aspects liés à la production, au contrôle, à la certification et à la commercialisation des semences. La formation pratique a été réalisée chez un paysan bénéficiaire du programme. Une simulation sur le principe de contrôles aux champs a été montrée aux participant·e·s.
Enabling factors
- L’engagement du SOC et des ONG locales pour organiser des formations adaptées aux réalités des producteurs.
- La combinaison de sessions théoriques et pratiques, avec des démonstrations sur le terrain.
- L’implication des paysans multiplicateurs et des techniciens agricoles pour assurer un transfert de compétences durable.
Lesson learned
- La formation conjointe des technicien·ne·s et des paysan·ne·s multiplicateur·rice·s, incluant progressivement les paysan·ne·s relais, a permis un meilleur partage de connaissances et une diffusion efficace des compétences techniques.
- Un accompagnement technique continu, incluant le choix adéquat des parcelles, l’épuration des champs, la détermination optimale de la période de récolte et la gestion rigoureuse des étapes post-récolte, contribue significativement à la qualité finale des semences certifiées.
- Le renforcement régulier des capacités en production de semences certifiées (riz, maïs, légumes, grains secs) selon les systèmes de certification conventionnelle et SQD est essentiel à la réussite du processus.
Impacts
Environnementaux :
- Promotion des variétés locales : la certification favorise les variétés locales qui se révèlent plus efficaces et plus résistantes face au changement climatique et aux parasites, ce qui permet de réduire l'utilisation d'intrants chimiques et de soutenir la biodiversité agricole.
Sociaux :
- Renforcement institutionnel : la création du CRCIV comme plateforme multi-acteur·rice·s renforce les institutions locales et régionales et favorise un échange continu d’informations.
- Soutien à l’Innovation : le CRCIV soutient l’innovation en recherche, notamment pour les variétés locales et les nouvelles variétés.
- L'amélioration de la sécurité alimentaire : L’amélioration de la qualité des semences augmente les rendements, renforçant ainsi la sécurité alimentaire.
Économiques :
- Augmentation des rendements : l’utilisation de semences certifiées améliore significativement les rendements.
- Augmentation du revenu des producteur·rice·s : les semences certifiées permettent aux producteur·rice·s de revenus supplémentaires. Le retour sur investissement (0,9) confirme la rentabilité du modèle, nécessitant une optimisation des coûts et une diversification des marchés pour assurer sa pérennité.
- Accès aux marchés : le système SQD facilite l’accès des groupements de producteur·rice·s de semences aux marchés régionaux et nationaux favorisant leur intégration économique.
Beneficiaries
Les communautés locales et leurs agriculteur·rice·s, qui disposent de semences de qualité
Les producteurs de semences (PMS), qui reçoivent une formation et un appui technique
Global Biodiversity Framework (GBF)
Sustainable Development Goals
Story

Par le biais de la mise en place du SQD à Boeny, le FOFIFA bénéficie de l’appui aussi bien technique que financier. La mise en place de système SQD Semences de qualité déclarée (avec ses processus) pour la région Boeny, a permis de mettre en valeur les savoirs traditionnels des paysan ·ne·s en ce qui concerne l’agro-biodiversité.
« Les variétés locales ou semences paysannes sont des semences, sélectionnées par les paysan·ne·s, adaptées à leurs terroirs, à leurs modes de production et présentant des caractéristiques qualitatives jugées intéressantes, dont l’usage et la tradition permettent de les faire accepter comme sources alimentaires convenables et souhaitables ».
Actuellement, elles sont devenues rares. « Certaines motivations sociales, coutumières ou de prestige justifiaient les choix, notamment pour la sécurité alimentaire, ces variétés locales forment la base de régimes alimentaires variés, étendent la gamme des denrées de base. Nombre de ces plantes résistent à la sécheresse, se cultivent sans intrants coûteux et sont faciles à stocker. Elles accroissent les revenus familiaux et nationaux, contribuent à la réduction de la vulnérabilité alimentaire et financière des ménages mais également à l’érosion de la biodiversité ».
En développant et valorisant ces variétés, notre pays pourrait augmenter leurs disponibilités vivrières et réduire d’autant leurs importations, dans le cas contraire, il serait contraint d’importer de grandes quantités de produits alimentaires pour combler les lacunes.
« Les semences jouent en effet un rôle primordial dans la production végétale, elles contribuent à l’accroissement de la production de 10 à 30 % selon les cultures ». Cependant, la semence est indissociable de la qualité.
La Direction du FOFIFA Nord-Ouest – Région Boeny – Madagascar