Renforcer la capacité des populations locales à la production de plants pour la restauration de sites dégradés

Noé
Published: 08 May 2023
Last edited: 08 May 2023
remove_red_eye 586 Views

Summary

En Nouvelle-Calédonie, les incendies, l'exploitation minière et l'exploitation du bois ont réduit la surface des forêts de 60 %, entraînant des problèmes d'approvisionnement en eau, d'érosion des sols et de sédimentation du lagon – véritable garde-manger des populations locales. Les autorités publiques se mobilisent pour financer des projets de revégétalisation des zones les plus dégradées, et imposer aux compagnies minières de restaurer leurs exploitations. Les populations les plus touchées par les dégradations sont aussi les plus désireuses et les plus capables d'agir sur leur environnement, mais elles n’ont pas accès aux formations leur permettant d’acquérir les compétences techniques nécessaires. Avec le projet BEST, Noé a souhaité développer des filières économiques "vertes" en formant les communautés locales à la restauration écologique et en leur proposant un outil simple d'utilisation pour apprendre à récolter et produire chez eux des plantes d'espèces pionnières, destinés aux projets de restauration écologique.

Classifications

Region
Oceania
Scale of implementation
Local
Ecosystem
Forest ecosystems
Tropical deciduous forest
Theme
Biodiversity mainstreaming
Gender mainstreaming
Habitat fragmentation and degradation
Local actors
Restoration
Sustainable livelihoods
Traditional knowledge
Species Conservation and One Health Interventions
Genetic Conservation
Challenges
Land and Forest degradation
Loss of Biodiversity
Erosion
Ecosystem loss
Lack of alternative income opportunities
Lack of technical capacity
Unemployment / poverty
Sustainable development goals
SDG 5 – Gender equality
SDG 8 – Decent work and economic growth
SDG 10 – Reduced inequalities
Aichi targets
Target 2: Biodiversity values integrated
Target 4: Sustainable production and consumption
Target 16: Access to and sharing benefits from genetic resources
Target 18: Traditional knowledge
Target 19: Sharing information and knowledge

Location

Nouvelle-Calédonie

Challenges

Les défis économiques et sociaux relevés dans ce projet sont les suivants :

  • L’absence d’une base de données sur la production des espèces de maquis endémiques ;
  • L’absence de formations techniques locales pour les personnes désirant monter des pépinières ;
  • Le manque de reconnaissance des savoirs locaux sur la production d’espèces endémiques ;
  • L’absence d’outils pour produire des espèces locales vulgarisées et simples d’utilisation ;
  • La difficulté d’approvisionnement en semences des pépinières professionnelles ;
  • Le manque de (re)connaissance des filières économiques dans la restauration écologique, y compris dans les instituts de formations professionnelles,
  • L’absence d’information sur le marché des pépinières locales (prix, acheteurs, filières d’approvisionnement)
  • L’absence de lien entre les producteurs de plants et les acheteurs ;
  • Le manque de filières économiques pouvant être développées directement en tribu, par les femmes ou les jeunes notamment, et adaptées au rythme des évènements culturels.

Beneficiaries

  • Les personnes vivant en tribu désirant augmenter leur activité professionnelle (yc femmes et jeunes),
  • Les petites pépinières désirant renforcer leurs compétences,
  • Les porteurs de projets de restauration qui souhaitent racheter les plants en tribu.

How do the building blocks interact?

Les blocs constitutifs sont chronologiques. Chaque bloc a besoin du précédent pour exister. Leur objectif commun est d’accompagner une filière de récolte et de production de plants à destination de la restauration écologique. Cette dernière aurait été pensée et développée avec l’ensemble des parties prenantes et notamment grâce à l’engagement des communautés locales.

Les dialogues du bloc 1 ont permis de définir les besoins et les problématiques de cette filière, et d’en proposer une solution. Le bloc 2 est la construction d’un outil pour accompagner cette filière, qui soit conceptualisé avec l’ensemble des partenaires et surtout avec les bénéficiaires en tribu. Le 3ème bloc est une phase de diffusion de l’outil pour la mise en place de la filière en tribu.

Impacts

Pour atteindre l'objectif du projet, Noé a mobilisé de nombreux acteurs :

  • 14 experts ont participé à la définition des enjeux du projet,
  • 10 personnes en tribu ont participé à l'élaboration du guide,
  • 4 experts ont révisé et validé le guide,
  • 71 personnes ont acquis l’outil, dont 35 structures professionnelles souhaitant améliorer leurs pratiques,
  • 100 personnes ont pu être formées aux métiers de la restauration écologique,
  • 50% des bénéficiaires sont des femmes,
  • 40% des bénéficiaires ont moins de 25 ans,
  • Les 3 parties du classeur (1. Guide de la collecte à la mise en culture ; 2. fiches techniques sur 35 espèces endémiques ; 3. documents modèles de suivi) ont été appréciées,
  • Des discussions sont en cours pour structurer la filière à l’échelle du territoire ;

Story

Noé

« J’ai envie de me battre pour cet endroit magnifique » - Roxane, tribu de Petit Borendi.

Cet endroit magnifique, la forêt de la tribu de Petit Borendi en Nouvelle-Calédonie, a malheureusement été dégradé par l’homme et peine à se régénérer. Les actions humaines sont aujourd’hui nécessaires là-bas comme sur tout le territoire pour restaurer les forêts et leurs écosystèmes, et lutter contre les impacts des dégradations.

Les communautés locales sont les plus touchées par ces impacts, puisqu'elles vivent en lien étroit avec la nature qui est leur air, leur eau, leur pharmacie et leur garde-manger. Ce sont elles qui souhaitent et peuvent agir rapidement. La pépinière a été une des solutions trouvées pour « se battre » pour cet environnement.

« Avec la pépinière, on a l’impression de mettre notre pierre à l’édifice » - Radji, pépiniériste à la tribu de Port Bouquet.

Noé accompagne des pépinières associatives depuis 2017, afin de produire des plants et restaurer les milieux dégradés à proximité des tribus. Nous avons pu observer que les pépiniéristes, après plusieurs années d’investissement, auraient voulu en faire leur activité professionnelle. Malheureusement, l’activité nécessitant des connaissances théoriques et des compétences techniques élevées, les pépiniéristes bénévoles avaient besoin d’un outil de formation leur permettant de reforncer leur compétence et d’être compétitifs sur le marché. C’est ainsi que le projet de classeur de fiches techniques a vu le jour.

Après avoir mobilisé l’ensemble des acteurs autour du projet afin de définir les défis que le guide et les formations devaient relever, Noé a donc développé le “guide du pépiniériste” : un outil complet, technique, et simple d’utilisation en tribu, pensé avec les bénéficiaires. Cet outil a été mis en pratique lors de formations dans les tribus et dans les organismes de formation professionnelle. Il a été accueilli avec enthousiasme, notamment par les femmes, amoureuses du jardinage, et par les jeunes à la recherche d’une activité qui fait sens.

Radji est une des personnes qui donne du sens à ce travail. Selon lui, la sensibilité à l’environnement n’est pas innée. Elle vient en apprenant à ouvrir les yeux et à lire son environnement.

« Ma vision des plantes a complètement évolué. Je regarde tout le temps les arbres en essayant de les reconnaître. C’est comme ça qu’on apprend à les aimer. »

Contributed by

mdesurmont_42855's picture

Mathilde Desurmont Noé

Other contributors

Laurent L'huillier
Institut Agronomique Calédonien (IAC)
Danielle Saintpierre
Siras Pacifique
Jean-Louis Ruiz
Jean-Louis Ruiz (indépendant)
Radji, Josine, Narcisse
Xwe Muru Mugue
Roxane, Sylvain, Philemon
Kwin Maraa