
Restauration naturelle des mangroves par la communauté et avec l'aide de celle-ci

Les mangroves sont des zones humides côtières d'une valeur unique qui constituent la zone de transition naturelle entre la terre et la mer. Elles préservent la biodiversité, atténuent le changement climatique et soutiennent les moyens de subsistance. Cependant, elles sont globalement dégradées et constituent donc une priorité pour la restauration des écosystèmes.
Madagascar possède la quatrième plus grande étendue de mangroves d'Afrique, avec diverses espèces fournissant des biens et services écosystémiques essentiels aux communautés côtières et soutenant une riche biodiversité. Malheureusement, les mangroves de Madagascar se dégradent rapidement et, dans certaines régions, sont complètement déboisées.
Le projet mondial Forests4Future (F4F), lancé par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), utilise une méthode peu coûteuse de restauration naturelle assistée par la communauté dans la région de Diana (Madagascar) pour restaurer les écosystèmes de mangroves dégradés. Cette technique permet l'établissement de courants de marée et de semis (propagules) dans des écosystèmes de mangrove dégradés et situés plus à l'intérieur des terres, en utilisant des canaux d'eau excavés.
Contexte
Défis à relever
Les principaux facteurs de dégradation des mangroves sont la pression croissante exercée par la population côtière locale, la conversion à l'agriculture à petite échelle, la surexploitation des produits forestiers (bois d'œuvre, bois de chauffage, etc.), ainsi que l'érosion et la sédimentation dues à l'agriculture et à la déforestation en amont.
Les mauvaises conditions hydrologiques de nombreux écosystèmes de mangrove dégradés, qui entravent considérablement la croissance des jeunes propagules, constituent un défi majeur en matière de restauration. C'est particulièrement le cas pour les écosystèmes de mangrove dégradés situés plus à l'intérieur des terres. En général, ces zones ont une connectivité limitée ou réduite avec la mer, ce qui empêche les courants de marée d'atteindre et de permettre le recrutement des semences.
La construction de canaux d'eau de marée permet d'améliorer les conditions hydrologiques et pédologiques ainsi que le transport, l'installation et la croissance des semis.
Les écosystèmes de mangrove restaurés permettent le retour de nombreuses espèces animales dont les communautés côtières, les pêcheurs, les agriculteurs et les autres utilisateurs de ressources peuvent à nouveau bénéficier.
Emplacement
Traiter
Résumé du processus
Les quatre éléments proposés constituent une séquence de tâches et d'activités qui se répètent fréquemment (cycle de travail) afin d'assurer la durabilité de la méthode de restauration. Ils sont également liés les uns aux autres. Par exemple, si au cours du bloc 3 (Observation et suivi des sites de mangrove restaurés) des dommages sont observés dans le système de canaux, le bloc 2 (Réunion préparatoire, mobilisation de la communauté et mise en œuvre) prendra effet à nouveau - ce qui signifie que toute la communauté (ou une partie d'entre elle) sera mobilisée pour réparer les dommages. La cause des dommages doit être identifiée par la communauté afin qu'elle puisse agir en conséquence et réadapter la méthode (si nécessaire).
Cette approche holistique permet d'apprendre de ses erreurs et de s'adapter à des conditions changeantes (processus d'apprentissage).
Blocs de construction
Identification et validation du site de restauration par la communauté
L'identification et la validation du site de restauration ont été effectuées conjointement avec la communauté locale afin de promouvoir son adhésion au processus. Le service forestier régional et les techniciens de l'ONG Conservation International (CI) ont également été impliqués pour s'assurer de la faisabilité technique du site proposé.
Les anciens de la communauté locale, qui connaissent le contexte historique, environnemental et topographique, sont généralement de très bons conseillers pour le choix du site de restauration. Ils peuvent indiquer où se trouvent les zones de mangrove dégradées (à l'intérieur des terres) avec quelques plantes restantes (le site de restauration doit avoir été un écosystème de mangrove dans le passé). Il s'agit généralement de sites appropriés pour la reforestation/restauration.
Facteurs favorables
La communauté devrait être l'entité principale du processus, car elle connaît très bien le contexte local et en est le bénéficiaire. Elle devrait avoir le droit de gérer les zones de mangrove par le biais d'un contrat de gestion formel, car la propriété confère la responsabilité et l'engagement de gérer le site de manière durable.
D'un point de vue technique, les critères suivants sont essentiels :
- Zone inondable à marée basse et canaux existants ;
- Type de sol (vaseux ou sablo-vaseux) et pH ;
- La salinité de l'eau doit être saumâtre.
Leçon apprise
La connaissance et la participation locales sont cruciales pour assurer la durabilité des sites de restauration. Dans notre cas, l'identification du site de restauration sans les connaissances des anciens locaux aurait été beaucoup plus difficile et aurait pris beaucoup de temps, car nous ne connaissons pas bien la région et peu d'informations sont disponibles sur certaines zones de Madagascar.
Réunion préparatoire, mobilisation de la communauté et mise en œuvre
Des réunions communautaires préalables ont été organisées dans le village voisin afin de sensibiliser la population à l'importance de la restauration de la mangrove. Au cours de ces réunions, la communauté a été informée des principes de la méthode de restauration et des étapes à suivre. La restauration de la mangrove ne nécessitant pas d'expertise technique particulière (savoir-faire), l'ensemble de la communauté a été ciblé (femmes, hommes et jeunes) et mobilisé pour des actions ultérieures. En outre, les autorités locales, les services techniques de l'État, ainsi que les autorités administratives ont également été impliqués, afin que la méthode puisse être facilement reproduite ailleurs.
Facteurs favorables
Des discussions approfondies avec la communauté locale et les experts techniques ont été cruciales pour une conception appropriée du système de canaux dans cette zone. Le canal a été creusé en fonction du contexte topographique local, c'est-à-dire de la profondeur du canal, de l'angle du site du canal, de la longueur, du point de départ, etc.
(1) 50 membres de la communauté locale ont été mobilisés pour creuser le canal ; (2) Une zone de 40 ha de mangroves dégradées a été identifiée ; (3) Un système de canaux d'une longueur totale de 2200 m a été creusé pour promouvoir la recolonisation naturelle dans les zones dégradées.
Leçon apprise
Pour motiver les différents groupes communautaires (femmes, hommes et jeunes) à participer aux travaux de restauration, il faut tenir compte de leurs intérêts. En outre, leurs avantages futurs (biens et services de l'écosystème) doivent être discutés de manière compréhensible et participative. Il s'agit notamment de la sécurité alimentaire et de la création de revenus.
Observation et suivi des sites de mangrove restaurés
Quatre types d'actions sont envisagés dans ce bloc de construction :
- Missions d'observation par la communauté locale qui consisteront à évaluer si le recrutement des plantules (propagules) a lieu, à définir le niveau de croissance (hauteur) et à évaluer les dégâts éventuels causés par les troupeaux environnants (notamment par les troupeaux de zébus) ou les aléas climatiques ;
- Mission de suivi de l'état des canaux d'eau pour voir si les berges sont encore stables et si l'écoulement (flow-through) est possible, surtout lors des marées hautes (02 mois après la plantation) ;
- Première estimation du niveau de réussite, par exemple la surface approximative d'implantation des plants (03 mois après la restauration).
- Suivi à long terme (biomasse et biodiversité) à l'aide d'un drone et d'images satellite ; cette étape sera réalisée conjointement avec la GIZ, le Ministère malgache de l'environnement et du développement durable (MEDD) et la communauté locale (à partir de 03 mois après la restauration).
Facteurs favorables
Pour protéger les jeunes plants de la migration des zébus, de l'abattage illégal (le bois de mangrove a une grande valeur) et d'autres risques dans les sites reboisés, deux gardes de la communauté locale travaillent à tour de rôle pendant les quatre premiers mois. Un bateau à moteur a été acheté pour les gardes afin de leur permettre d'accéder plus facilement aux sites de mangrove. En général, il est très important que la communauté soit l'entité principale dans le processus de suivi afin de garantir la durabilité de la méthode.
Leçon apprise
Un système de surveillance efficace et à long terme doit être mis en place pour protéger les nouveaux plants de tout danger. L'exploitation forestière illégale et les dégâts causés par les troupeaux de zébus sont très fréquents dans notre région.
Évaluation des premiers résultats par la communauté locale
Après trois mois, des ouvriers de la communauté se sont rendus sur le terrain pour voir si les résultats étaient visibles et pour les évaluer. Les premiers résultats étaient clairement observables. Des semis se sont installés et ont poussé à proximité des sorties des canaux, ce qui témoigne de la fonctionnalité des canaux d'eau creusés et de l'ensemble de la méthode de restauration. Les conditions hydrologiques se sont également nettement améliorées ; la surface dure et sèche du sol des zones dégradées s'est visiblement transformée en une couche plus douce et plus boueuse, ce qui a permis à de nombreuses espèces animales et d'insectes de revenir. Par exemple, de nombreux petits tas de sable creusés par des crabes (par exemple, des crabes de vase - Scylla serrata) ont pu être trouvés au bout de trois mois.
Facteurs favorables
Pour garantir le succès de la restauration, il est essentiel de mettre en place un système de protection communautaire, afin qu'aucun troupeau de zébus ne puisse pénétrer dans le site de restauration et lui nuire, ou qu'aucune exploitation forestière illégale n'ait lieu.
Leçon apprise
Il est essentiel de surveiller régulièrement la fonctionnalité du système de canaux, en particulier de leurs exutoires, afin que les propagules puissent atteindre les sites de restauration. L'effondrement des canaux rend le transport des propagules impossible.
La communauté locale et sa motivation sont la clé du succès de la surveillance !
Impacts
Amélioration de la biodiversité, protection des côtes (contre l'érosion), amélioration des conditions de vie et développement de la chaîne de valeur. En outre, la méthode renforce la cohésion et la collaboration au sein de la communauté.
Notre région (bassin versant de l'Irodo) compte au total six espèces de mangroves : Rhizophora mucronata, Bruguiera gymnorrhiza, Heritiera littoralis, Ceriops tagal, Avicennia officinalis et Sonneratia alba. Elles sont polyvalentes pour les personnes vivant dans la communauté. Par exemple, certaines espèces ont des fleurs qui peuvent être utilisées pour la production de miel, tandis que d'autres se prêtent à l'extraction de la soie. La conversion et la vente de ces produits ont un impact socio-économique à long terme sur la communauté locale (amélioration des conditions de vie et développement de la chaîne de valeur).
Bénéficiaires
Les communautés côtières (y compris les femmes, les hommes et les jeunes), les pêcheurs, les agriculteurs et les autres utilisateurs de ressources.