
Afforestation des forêts sacrées au Cameroun : Protéger le patrimoine écologique et culturel à travers des pépinières utilisant

Les Forêts Sacrées (FS) dans la région de l’Ouest du Cameroun, historiquement protégées par le droit coutumier en tant que sites rituels et sources pour la pharmacopée traditionnelle, sont aujourd’hui menacées par la pression démographique et l’absence de gestion durable des terres. Le projet AREECA, mis en œuvre par la GIZ en collaboration avec MINEPDED et MINFOF, protège et restaure ces écosystèmes uniques en établissant des pépinières locales pour produire des plants d’espèces indigènes issue des semences et sauvageons de ces mêmes forêts. En 2023/24 trois pépinières ont été mises en place dans ou à coté de forêts sacrées dans les communes de Batcham, Fongo Tongo et Babadjou, permettant de produire 6413 plants d’arbres locaux, incluant parmi d’autres le Cordia africana et Prunus africana. Puis ces plants étaient plantés dans les mêmes 3 FS et dans 3 autres FS de la zone. Le projet intègre également la création de Conventions Locales impliquant les communautés assurant une gouvernance participative et durable pour ces FS
Tech4Nature Award
Context
Challenges addressed
Les forêts sacrees sont confrontés à des menaces telles que l’urbanisation, la croissance démographique, et l’érosion des lois coutumières. Ces sites, essentiels sur les plans culturel et écologique, souffrent de la déforestation due à une gestion non durable des terres. Les agriculteurs riverains ont tendance d’élargir leurs champs au détriment des forêts sacrees. Les défis incluent la perte de biodiversité, la réduction du couvert forestier, et le déclin des pratiques traditionnelles de conservation.
Location
Process
Summary of the process
Les trois blocs fonctionnent en synergie pour garantir la durabilité et l’efficacité de la solution. L’identification des forêts sacrées (Bloc 1) permet de sélectionner les sites prioritaires pour les activités de restauration écologique, mises en œuvre grâce aux pépinières locales (Bloc 2). En parallèle, les conventions locales (Bloc 3) assurent une gestion durable de ces sites, en combinant les savoirs traditionnels et les approches modernes de conservation. Cette interaction renforce la conservation culturelle et écologique des forêts sacrées, tout en engageant les communautés dans une gouvernance participative.
Building Blocks
Identification des forêts sacrées potentielles pour la restauration
L’identification des forêts sacrées potentielles se fait avec les chefferies et populations locales. Il y en a deux types de forêts sacrées. Les forêts sacrées du quartier et des forêts sacrées des chefferies. Pour les derniers les règles sont plus strictes. Les surfaces restantes de ces forêts sacrées vont de moins d’un hectare jusqu’à plus de 40ha et leurs dégrées de dégénération sont très diverses.
Pour le choix des forêts sacrées à restaurer c’est surtout la volonté de la chefferie traditionnelle, mais aussi la volonté de la population locale qui sont crucial. L’idéale c’est de lancer une pépinière locale de concert ou après l’élaboration d’une Convention Locale (CL) de gestion de la forêts sacrées en question. En tout cas il faut les responsabilités claires qui s’occupera de la pépinière.
Dans le cadre du projet AREECA 3 forêts sacrées ont été identifié dont la chefferie s’intéressait de restaurer leur forêts sacrées. Pour la forêts sacrées de Mekoup, parallèlement à l’installation de la pépinière une CL a été développé, dont la pépinière fait partie intégrante dans son texte.
Les Conventions Locales sont des documents signés par la chefferie locale, Service Technique et la commune en question et des riverains des FS. Pour la méthodologie d’élaboration des Conventions locales voir en bas Block 3 et surtout le Panorama spécifique « Développement de conventions locales pour la Gestion des Ressources Naturelles, Cameroun »
Enabling factors
- Volonté nette et claire des chefferies traditionnelles de restaurer les forêts sacrées
- Chefferie et traditionnelles encore respectée
- Minimum des espèces locales encore disponible pour multiplication rn pépinière
Lesson learned
Ne pas lancer une pépinière en cas de doute sur l’engagement volontaire ou des conflits dans la communauté.
Création de pépinières locales pour les espèces indigènes
Les espèces indigènes sont rarement présentes dans les pépinières commerciales, ce qui complique le reboisement dans les FS. Pour cela on met en place des pépinières locales pour produire des plants d’espèces locales destinés à la restauration des FS. Trois pépinières ont été établies à Batcham, Fongo Tongo et Babadjou, chacune équipée de produire 2 000 plants. Ces pépinières ont permis de cultiver une dizaine des espèces indigènes.
Les volontaires locaux ont été formés pour la collecte et la mise en culture de semences et sauvageons. Les descentes régulières ont assuré le suivi des activités. A la fin 6413 plants d’une dizaine des espèces ont été produits et utilisés d’une part pour restaurer les parties dégradées des FS ou les pépinières étaient installées, et dans 3 autres FS dont les chefferies et voisins ont signalé leur intérêt.
Les mesures prises comprennent :
- Choix des pépiniéristes et leur responsabilisation sous la tutelle de la chefferie
- Equiper les pépinières avec matériels (sachets, pelles, machette etc.)
- Former sur les méthodes de pépinière
- Former sur la recherche des semences et sauvageons indigènes ainsi que leur mise en pépinière
- Suivre ponctuellement les travaux des pépiniéristes en ce qui concerne la recherche des semences et sauvageons ainsi que l’entretient de la pépinière (arrosage, le désherbage)
Enabling factors
- Formation des volontaires locaux
- Soutien matériel (outils, semences)
- Engagement des chefferies traditionnelles et des partenaires institutionnels
Lesson learned
- Les graines de certaines espèces, comme le Garcinia cola (bitter cola), nécessitent une attention particulière en raison de leur faible taux de germination.
- Seulement dans une des 3 pépinières lancées il y a suffisamment de motivation pour une perspective après projet. Mais pour cette pépinière il y en a déjà des commandes venant d’autres chefferies hors de la zone
Mise en place de conventions locales intégrant les forêts sacrées
Comme mentionnée au-dessous (Block 1) la mise en place de conventions locales vise à formaliser la gestion durable des forêts sacrées tout en impliquant activement les communautés locales. Ces conventions suivent une approche participative et définissent des règles claires pour protéger les sites sacrés, y compris des dispositions sur les droits d’accès, les interdictions d’exploitation, et le cas échéant les sanctions en cas de non-respect. Ce processus intègre également les pratiques coutumières et activités et règlements définis par les chefferies et riverains eux-mêmes, toute en renforçant la gouvernance locale
Enabling factors
- Consultation des leaders traditionnels pour aligner les conventions avec les pratiques locales
- Organisation d’ateliers communautaires pour la sensibilisation et la validation des règles
Lesson learned
- La participation des chefferies traditionnelles favorise l’adhésion communautaire.
Impacts
Environnemental :
- Restauration des forêts sacrées contribuant à la conservation de la biodiversité
- 6 413 plants d’arbres indigènes produits dans trois pépinières locales (Bangang, Fongo Tongo et Babadjou).
- Ces plants incluent des espèces comme Cannarium schweinfurthii, Prunus africana et Cordia africana (faux teck), renforçant la biodiversité des forêts sacrées. La diversité des espèces comprend des arbres médicinaux, culturellement importants et écologiquement précieux
Social :
- Renforcement de la santé de la population locale et régional à travers le régénération des arbres importantes pour la médicine traditionnelle (pharmacopée)
Approvissionnement en eau :
Les FS restants ont des effets positive sur la nappe phréatique.
Beneficiaries
- Communautés locales des Monts Bamboutos
- Chefferies traditionnelles de Bangang, Fongo Tongo et Babadjou
- Écosystèmes locaux et leurs espèces endémiques
Global Biodiversity Framework (GBF)
Sustainable Development Goals
Story
Après deux années de mise en place et de gestion d’une pépinière au sein de la Forêt Sacrée de Mekoup, située dans la chefferie de Bangang, commune de Batcham, l’initiative a commencé à rayonner bien au-delà de son territoire d’origine. Des demandes de plants d’arbres indigènes ont été adressées au conservateur traditionnel, émanant de chefferies voisines telles que Bamougoum et Batoufam, situées jusqu’à une soixantaine de kilomètres de Mekoup. Cet engouement montre à quel point une action locale bien ancrée et porteuse de sens peut devenir une source d’inspiration pour d’autres communautés, désireuses à leur tour de s’engager dans la restauration et la valorisation de leur patrimoine naturel.