Caractérisation des habitats de l’omble de fontaine à Saint-Pierre et Miquelon

Solution complète
Pêche le matin
Fabrice Teletchea

Saint-Pierre et Miquelon est le seul territoire français situé en Amérique du Nord, à une vingtaine de km au sud de la province canadienne de Terre-Neuve-Labrador. L’omble de fontaine est l’espèce emblématique des eaux douces de l’archipel, que ce soit au niveau patrimonial ou pour la pêche sportive (près de 10% de la population locale pêchent cette espèce). L’objectif de ce projet est de caractériser l’état écologique de trois des principales rivières et de trois des principaux étangs où cette espèce est présente. Nous avons procédé à une analyse de la qualité de l’eau (pH, oxygène dissous, température), déterminé la profondeur pour les trois étangs et caractérisé l’état physique des rivières, incluant les berges. Ces données, qui sont les premières jamais obtenues pour la plupart des rivières et étangs ciblés dans le projet, seront indispensables pour mieux comprendre l’évolution des populations d’omble sur l’archipel et proposer, le cas échéant, des actions de restauration.

Dernière modification 30 May 2023
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Contexte
Challenges addressed
Hausse des températures
Perte de l'écosystème
Récolte non durable, y compris la surpêche
Développement d’infrastructure
Manque d'accès au financement à long terme
Manque d'infrastructures
Manque de capacités techniques

Il n’existe pas de suivi sur la qualité d’eau sur l’archipel. Ce projet a permis d’initier un suivi des principaux cours d’eau et plans de l’eau de Saint-Pierre et Miquelon, ce qui a nécessité de recruter des étudiants spécialisés (masters en géographie) et de les envoyer sur place, et acquérir du matériel spécifique. Cette première étape était essentielle pour mieux comprendre l’évolution de la qualité d’eau, notamment en lien avec le changement climatique, et son impact potentiel sur la biodiversité, particulièrement l’omble de fontaine. Ce projet a permis de faire dialoguer l’ensemble des acteurs locaux et des experts extérieurs sur la gestion et la conservation des hydrosystèmes et les actions à mener dans le futur pour améliorer leur qualité écologique. L’enjeu à terme est ainsi de mettre en place un suivi pérenne des hydrosystèmes de l’archipel et proposer des actions adaptées pour favoriser la reconstitution naturelle des populations d’omble et développer une activité de pêche durable. 

Scale of implementation
Local
Ecosystems
Piscine, lac, étang
Rivière, ruisseau
Zones humide (marécage, marais, tourbière)
Thème
Gestion des espèces
Services écosystèmiques
Îles
Acteurs locaux
Connaissances traditionnelles
Gestion des bassins versants
Science et recherche
Pêche et aquaculture
Emplacement
Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Pierre-et-Miquelon
Amérique du Nord
Traiter
Summary of the process

Les quatre blocs sont complémentaires. Il est crucial d’impliquer dès la genèse du projet l’ensemble des parties prenantes (bloc 1); de réaliser un inventaire du matériel nécessaire, déjà disponibles ou qui devraient être achetés en prenant en compte le coût lié au transport et le délai (bloc 2); de planifier les activités de terrain en fonction des contraintes locales (bloc 3), et de régulièrement communiquer à travers différents réseaux et médias pour informer de l’avancée du projet (bloc 4).

Building Blocks
Constitution d’un consortium original, complémentaire et motivé

L’objectif était de constituer dès la genèse du projet un consortium qui associe l’ensemble des parties prenantes locales impliquées dans la gestion de la nature sur l’archipel et des collègues français métropolitains experts dans plusieurs domaines complémentaires: géographie, biologie du poisson. Etant donné que seul un technicien est employé à la fédération de pêche (tous les autres membres sont des bénévoles) et que le porteur scientifique du projet ne vit pas sur place, il était crucial de recruter une personne qui soit chargée de l'exécution du projet sur place. Cette personne a été clé pendant tout le projet. De plus, nous avons recruté un étudiant en master pour épauler le CDD la seconde année du projet.

Enabling factors
  • Recrutement d’un CDD un an sur le projet qui a travaillé localement.
  • Échange fréquent entre les personnes impliquées localement et le responsable scientifique en métropole.
  • Aide logistique forte et implication de la FTP SPM pendant tout le projet.
  • Étudiant recruté sur le projet.
  • Excellente interaction entre le porteur de projet localement et le porteur de projet scientifique en métropole.
  • Réponse rapide des parties prenantes locales.
Lesson learned

Il est indispensable de constituer dès le départ un consortium complémentaire, incluant des personnes motivées par le projet. Travailler sur des îles nécessite une forte capacité d’adaptation et beaucoup de réactivité pour mener à bien les divers travaux de terrain, notamment sur Saint-Pierre et Miquelon, où les conditions climatiques peuvent changer rapidement.

Logistique et matériels

Il est très important qu’avant de répondre à l’appel à projet une liste du matériel disponible au sein de la structure soit réalisée et que l’état de fonctionnement soit vérifié. Ensuite, une liste du matériel supplémentaire nécessaire pour la réalisation des diverses activités doit être discutée avec les personnes compétentes du projet. Il faut s’assurer de la disponibilité de ce nouveau matériel localement ou à l’extérieur et dans ce dernier cas prendre en compte le temps de livraison (plusieurs semaines ou mois parfois) et les coûts supplémentaires. Ensuite, il est très important de planifier les activités de terrain en fonction des conditions météorologiques et surtout adapter très rapidement les plannings.

Enabling factors
  • De nombreux matériels étaient déjà présents et fonctionnels
  • Des nouveaux matériels avaient pu être achetés sur d’autres projets
  • Une trésorerie suffisante pour pouvoir avancer les frais de certains matériels
  • Une aide logistique de plusieurs bénévoles localement
Lesson learned

Comme anticipé, il n’est pas possible de réaliser des travaux de terrain sur l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon pendant plusieurs mois (étangs gelés par exemple). Par conséquent, il est fondamental de planifier les activités extérieures en prenant en compte cette contrainte forte, et d’adapter l’ensemble du projet en conséquence. Une fois que les travaux de terrain sont possibles (6-7 mois par an), il faut être prêt et hyper réactif pour pouvoir obtenir le maximum de données.

Travail de terrain et analyses des résultats

L’objectif était d’obtenir le maximum de données sur la qualité d’eau de trois des principales rivières de l’archipel et des trois principaux étangs. Grâce aux sondes multiparamétriques déjà présentes au sein de la fédération, nous avons pu réaliser des premières mesures de la qualité d’eau, incluant notamment la température, la quantité d'oxygène dissous et la conductimétrie (quantité de sels dissous) qui sont fondamentaux pour la survie des poissons. Parallèlement, nous avons déterminé la bathymétrie pour tout ou partie des trois étangs ciblés des projets. Enfin nous avons appliqué une méthode pour caractériser l’état physique des cours d’eau, incluant les berges. Toutes ces données ont ensuite été analysées pour le projet. Parallèlement un gros travail de cartographie a été réalisé pendant les mois d’hiver (impossibilité de faire des travaux de terrain).

Enabling factors
  • Implication très forte de la personne recrutée en CDD, notamment pour la cartographie des hydrosystèmes.
  • Nombreux matériels et équipements mises à disposition.
  • Achat de matériels nécessaires à l’acquisition de nouvelles données.
  • Taille de l’archipel qui permet de faire de nombreuses mesures par jour.
Lesson learned

Il est possible de réaliser relativement facilement de très nombreuses mesures de la qualité d’eau sur le terrain étant donné la taille de l’archipel. Ce projet BEST avait pour objectif de tester la possibilité de mettre en place un suivi de la qualité d’eau sur l’archipel, ce qui est donc possible. Pour pérenniser ce suivi, il faudrait maintenant former et renforcer le personnel de la fédération de pêche locale pour qu’un plus grand nombre de cours d’eau et d’étangs soient suivis régulièrement. 

Présentation régulière des travaux à la population locale

L’objectif était de communiquer régulièrement l’avancée des travaux à l’ensemble de la population de l’archipel. Pour cela nous nous sommes appuyés en priorité sur notre page FaceBook; puis nous avons répondu à toutes les sollicitations de la chaîne locale (SPM La Première) que ce soit en radio ou en télévision. Enfin, nous avons organisé des événements spécifiques (présentations grand public) ou présenté lors d’un congrès sur l’archipel.

 

Enabling factors
  • Publier régulièrement sur son réseau social.
  • Organiser des présentations grand public.
  • Répondre aux sollicitations de tous les médias.
Lesson learned

Il n’est pas toujours évident pour tout le monde de communiquer, que ce soit au travers d’interviews ou de présentations. Néanmoins, il est fondamental que toutes les personnes impliquées directement dans le projet participent à cette communication. Notre page Facebook est très suivie avec plus de 400 followers.

Impacts
  • Ce projet a permis d’obtenir des données originales sur la qualité d’eau pour trois des principales rivières et trois des principaux étangs de l’archipel où l’omble de fontaine est présent. Ces données serviront de base pour suivre l’évolution de la qualité d’eau au cours du temps, notamment en lien avec le changement climatique qui est très visible sur l’archipel. De plus, la qualité physique des cours d’eau a été déterminée, permettant de mettre en évidence des impacts anthropiques sur certaines rivières, notamment une dégradation des berges et la présence d'embâcles. 
  • Ce projet a permis de recruter une personne pour un an ayant des compétences nouvelles pour l’archipel (notamment concernant la cartographie et le suivi de la qualité d’eau), qui, suite à ce projet, a décidé de s’installer sur l’archipel et travaille maintenant à la Direction des Territoires, de l'Alimentation et de la Mer (DTAM).
  • Plus généralement l’ensemble des acteurs locaux impliqués dans la gestion et la conservation de la nature sur l’archipel ont été sollicités et ont participé activement au projet que ce soit pour aider les étudiants recrutés sur le projet ou fournir du matériel. Enfin, ce projet a permis de mieux connaître l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, et notamment la pêche sportive à l’omble de fontaine.
Beneficiaries
  • Associations et fédération de pêche.
  • Pêcheurs de l’archipel.
  • Parties prenantes locales, incluant la DTAM, l'OFB et la collectivité Territoriale.
  • Toutes les personnes intéressées par le sujet sur l’archipel ont pu avoir accès à toutes les données générées.
Sustainable Development Goals
ODD 14 - Vie aquatique
Story
Fabrice Teletchea
Collègues venus pour la semaine de l'omble
Fabrice Teletchea

Grâce au projet BEST, nous avons pu impliquer un nombre de plus en plus important de personnes pour nous aider à mieux gérer la pêche sportive de l’omble de fontaine et plus généralement améliorer la connaissance et la protection des hydrosystèmes de l’archipel. Nous avons notamment pu organiser un voyage d’une semaine avec cinq collègues en juillet 2022, grâce à un financement complémentaire de la plate-forme de recherche de SPM  (https://www.facebook.com/piiress.spm) et un nouveau projet de l’Office Français de la Biodiversité permettant de poursuivre le travail initié dans BEST (réouverture du plus grand étang de l’archipel à la mer, l’étang MIRANDE). Ces cinq collègues (voir la photo) sont de Gauche à droite des spécialistes de la production d’omble de fontaine en aquaponie (Jean-Baptiste LEGRAND, Guillaume BEUCHER; Echologia/Aquaponia), de la gestion des hydrosystèmes et de la pêche sportive (Olivier BRIARD, association de pêche Nivelle-Côte Basque), de la biologie des poissons (Fabrice TELETCHEA, Université de Lorraine, porteur scientifique du projet), de la pêche sportive (Bertrand JACQUEMIN, champion du monde, Vertige Fly Fishing), et des études environnementales et du suivi des poissons (Fabien CHARRIER, responsable du bureau d’étude FISH PASS).

 

Pour ces cinq collègues, c’était la première fois qu’ils venaient sur l’archipel ! Nous avons passé une semaine extraordinaire avec un temps magnifique tous les jours et de très nombreuses rencontres et parties de pêche, le tout dans une bonne humeur constante ! Suite à leur venue sur l’archipel, ces collègues, qui ne se connaissaient pas avant de venir, ont tous décidé de continuer à nous accompagner d’une part pour mieux connaître et gérer les écosystèmes et d’autre part développer une activité éco-touristique durable dans les années futures avec une interaction très forte avec les locaux.

 

Connexion avec les contributeurs
Other contributors
Robert LANGLOIS
Fédération Territoriale de la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
Loic PERRIN
Fédération Territoriale de la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
Erwan DURAND
Fédération Territoriale de la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
Gilles DROGUE
Université de Lorraine (11804)
Erdgard GUSTAVE
Université de Lorraine (11804)
Guillaume HEILIG
Université de Lorraine (11804)
Nicolas LEMAINE
Association des joyeux pêcheurs de Miquelon
Nicolas CORMIER
Société de pêche Sportive St-Pierre Langlade