CENS
Europe de l’Ouest et du Sud
Julien
Daubignard
D. Cohez / RNR TdV
Europe de l’Ouest et du Sud
Damien
Cohez
Gouvernance

Il est indispensable de fédérer les partenaires pour atteindre une bonne gestion de l'environnement. Pour cela, il est nécessaire de : 

- identifier tous les conflits d'usages

- associer les usagers dans les partenaires : scientifiques, communautés locales, gestionnaires d'espaces protégés, fédérations de pêche, etc.

Les deux facteurs clés de réussites sont :

- Information neutre et synthétique sur l'état des écosystèmes (données scientifiques)

- suffisamment de moments de rencontre pour partager l'information et fédérer les acteurs.

Science + consultation publiques = solution efficace et acceptation locale

 

Système de collecte de données dans le Parc National de Toubkal

Entre 2015 et 2019, la Direction du Parc National de Toubkal (DPNT) a élaboré des fiches de collecte de données pour le suivi i) des infractions liées aux activités touristiques, et ii) de la faune sauvage.

Il s'agit de fiches sous format papier remises aux éco-gardes locaux et qu'ils doivent remplir lors de leurs prospections de terrain, illustrer par des photographies et remettre ensuite aux Chefs de Zones du Parc National de Toubkal (PNTb) : à partir de ces fiches, ces derniers élaborent alors pour la DPNT des rapports trimestriels et des cartes de localisation, qui alimentent une base de données.

A partir de la fin octobre 2019, la DPNT envisage d'améliorer et de faciliter pour les éco-gardes locaux la collecte de données : le chargé de l'écotourisme au Parc National de Toubkal, en collaboration avec le chargé du suivi scientifique et les Chefs de Zones du PNTb, a ainsi adapté pour cette aire protégée le logiciel CyberTracker afin de développer une application mobile, facile d'utilisation, pour réaliser le monitoring dans le Parc National de Toubkal. Une formation pour l'utilisation de cette appli est prévue très prochainement au profit des éco-gardes du PNTb.

Des formations au monitoring (types de données à collecter, remplissage des fiches, manipulation du GPS et de l'appareil photo numérique) sont un prélable absolu avant d'entamer les prospections de terrain par les éco-gardes locaux.

La rigueur dans la collecte de données par les éco-gardes, puis celle dans la centralisation et la synthèse de ces données par les Chefs de Zones du Parc National de Toubkal.

Par ailleurs, la manipulation de l'outil SIG par ces derniers n'est pas superflue. 

Grâce à ce système de suivi mis en place par la DPNT, une véritable base de données a pu être alimentée et ainsi mise à jour périodiquement, permettant d'améliorer les connaissances en matière de faune sauvage (pour les espèces prioritaires) et de localisation des "points noirs" relatifs à l'activité touristique.

Mieux encore, la mise en oeuvre de ces opérations de patrouilles et de suivi sur le territoire du Parc National de Toubkal a permis une diminution du temps de réaction entre le constat d’une infraction dans la zone centrale et l’établissement du Procès-verbal, les éco-gardes locaux étant constamment sur le terrain et en contact permanent avec les Chefs de Zone du PNTb (d'où un rôle prépondérant dans la lutte contre le braconnage ou les constructions illégales).

Cependant, il s'est tout de même avéré que les éco-gardes locaux avaient encore beaucoup de lacunes dans la collecte de données, principalement dues au fait que beaucoup d'entre-eux sont illettrés. Le logiciel CyberTracker semble donc être une solution intéressante pour résoudre ce problème. Affaire à suivre...

Formation au suivi de la faune sauvage

Les éco-gardes locaux recrutés via un service externalisé ont une parfaite connaissance de la haute montagne et de ses habitants. Mais ils avaient des lacunes dans l'identification de certaines espèces faunistiques, et n'avaient jamais réalisé de monitoring selon un protocole de collecte de données pré-établi.

Il était donc indispensable qu'ils puissent bénéficier de sessions de formation dans ce sens : des sessions théoriques en salle pour prendre connaissance des fiches d'identification des espèces et des fiches de collecte des données, et pour commencer à manipuler le matériel technique comme les GPS et les appareils photos numériques (01 journée/session), et des sessions pratiques en plein coeur du Parc National de Toubkal (PNTb) pour juger les capacités physiques des bénéficiaires et leur connaissance du territoire de montagne, et mettre en application ce qu'ils ont appris lors des sessions théoriques (06 jours/session pratique).

Il est important de disposer d'un budget pour la logistique, à savoir l'hébergement et la restauration des bénéficiaires, et la location de matériel de campement, en particulier pour les sessions pratiques en haute montagne.

Lors de la 1ère session, les techniciens forestiers du Parc National de Toubkal (PNTb) ont dû également être formés par l'expert en faune sauvage afin de pouvoir animer par eux-même les sessions de formation ultérieures, programmées par la Direction du PNTb.

Il est nécessaire d'organiser plusieurs sessions de formation afin de s'assurer que les éco-gardes parviennent à identifier parfaitement les espèces de faune prioritaires et établir correctement les fiches de collecte.

Or, il s'est avéré que la plupart des éco-gardes étaient en plus illettrés et avaient de grandes difficultés à remplir les fiches de collecte : la Direction du Parc National de Toubkal a donc envisagé d'adapter le logiciel CyberTracker à son monotoring et d'y former (à partir de la fin octobre 2019) ses éco-gardes afin que l'enregistrement de données soit vraiment plus aisée pour eux.

Parc national de Toubkal
Formation au suivi de la faune sauvage
Système de collecte de données dans le Parc National de Toubkal
Promotion des activités génératrices de revenus et des foyers améliorés

L’insuffisance de bois (énergie, de chauffe) et de perches pour la construction des cases est un défi majeur pour les populations bénéficiaires de l’initiative. Ainsi, une approche holistique a été menée englobant:

  • Le renforcement des capacités des bénéficiaires sur les itinéraires techniques de mise en place et de gestion d’un espace sociocommunautaire, avec prise en compte des ressources à mobiliser
  • La collecte et la transformation des PFNL issus de la parcelle reboisée ou restaurée, cas des graines de Neem pour la production de l’huile
  • L’intégration de l’approche genre: construction des foyers améliorés qui est assurée par des coordinatrices relais qui vont former à leur tour des formateurs(ices) dans les villages cibles.
  • Ainsi, pendant que les espèces locales choisies sont en croissance, l’alternative permettant à la population de consommer moins de bois afin de réduire la forte pression sur les ressources déjà insuffisantes et compte tenu du faible pouvoir d’achat des ménages fut la formation de 35 femmes sur les techniques de fabrication des foyers améliorés à base d’argile et de paille avec des matières premières retrouvées dans la nature (coût nul), maillon essentiel de la chaîne des initiatives capables de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations
  • La participation effective des femmes
  • La disponibilité de la matière première (argile et paille)
  • Les femmes de la localité ont bien accueilli la technique. La formation a été faite en langue locale par deux femmes relais venant du village voisin (Doualaré), celles-ci avaient elles-mêmes reçu cette formation des Experts en Bois-Energie de la GIZ. Afin d’autonomiser les femmes, il est important de promouvoir la formation d’autres femmes relais afin de diffuser la technique.
Développement des techniques spécifiques de protection et d’arrosage des plants

Pendant le suivi post-plantation de la parcelle, différentes techniques en vue d’éviter l’empiètement de la parcelle par le bétail ont été testée telles que la tentative de protéger la parcelle avec une haie morte à base de branches épineux, ou avec des tiges tissées d’Ipomea carnea supportées par des perches, ou avec du fil de fer issu de la carbonisation des roues usées des voitures, sans grand succès.

Par ailleurs, vu le besoin en eau des fruitiers pendant la longue saison sèche et du fait de la faible pluviométrie dans la Région en 2017, le puit communautaire a tari et les plants ont flétri. L’idée de chercher de l’eau avec des bidons vides au forage communautaire (~ 3 km) par les animateurs villageois n’était pas faisable par manque de moyens financiers. De ce fait, un autre moyen, des dispositifs de goutte à goutte à base des bouteilles usées et ramassées dans la ville ont été fixés au pied de chaque plant de fruitiers. De l’eau était puisée dans des fûts et stockée sur le site avec arrosage des plants trois fois par semaine permettant la reprise de croissance de près de 40% des plants flétris. La construction d’une pépinière villageoise permanente dotée d’un forage manuel a été suggérée et le dossier pour l’exécution est en cours de finalisation.

  • Renforcement des capacités des Animateurs villageois par la méthode d’apprentissage par la pratique sur les techniques de restauration (mise en œuvre et entretien d’une pépinière) permettant la production de 2600 plants en 2017
  • Capacité de développer des actions ponctuelles pouvant être améliorées au fur et à mesure selon la situation observée
  • Approche de protection individuelle des plants
  • Fabrication du dispositif d’arrosage à la goutte à goutte grâce au recyclage des bouteilles d’eau usées
  • Promotion de la production du fourrager pour le bétail.
  • La difficulté d’accès à l’eau, condition sine qua none pour la croissance des fruitiers qui exigent d’être arrosés pendant la longue saison sèche. Parmi les 4022 plants mis en terre, 2162 plants sont vivants et 1860 plants morts sur onze blocs comportant huit essences fruitières et forestières en Aout 2017, cf carte
  • La construction d’une pépinière école villageoise dotée d’un forage manuel (production permanente des plants de qualité, abreuvage du bétail, consommation humaine donc réduction des maladies hydriques causes du taux élevé de mortalité infantile dans la communauté)
  • La possibilité de morceler la parcelle en sous-parcelles d’environ 500 m2, qui seront restaurer progressivement (année 1, année n+1, année n+2, … , année n+5), afin de mieux la sécuriser.
Micro-zonage des ressources multiples de la parcelle en fonction du type de sol présent, avec un focus sur les essences locales

Une carte topographique délimitant la parcelle choisie avec les différents types de sols identifiés et les espèces appropriées a été élaborée avec l’aide de la population et des experts. Deux principaux types de sols ont été identifiés:

  • Les sols des flancs des montagnes: surfaces couvertes de cailloux; horizon 1 (0 à 20 cm) est limono-sableux avec mélange de grains de cailloux; horizon 2 (20 à 40 cm) est dominé par des grosses pierres et une faible proportion de terre et horizon 3: (40 à plus) n’était pas accessible. Pour ce type, les essences appropriées sont: Acacia nilotica, Acacia Sieberiana, Acacia seyal, Azadirachta indica, Anogeissus leiocarpus, Ziziphus mauritiana, Eucalyptus camaldulensis.
  • Le lit du site est dominé par les vertisols (sols riches en minérals argileux) représentants des endroits des fentes de retraits: horizon 1 (0 à 40 cm) composé de limon et d’argile et horizon 2 (40 à plus) d’un mélange de limon, d’argile et de grains de cailloux. Les essences qui y conviennent comprennent entre autres: Khaya senegalensis, Cassia siamea, Vitex doniana, Eucalyptus camadulensis, Faidherbia albida, Anacardium occidentale et d'autres arbres fruitiers.

En fonction de ces différents types de sols, un mini- zonage a permis de délimiter 11 blocs occupés par huit essences choisies.

  • Implication totale des animateurs villageois désignés ayant une volonté à suivre les activités au quotidien.
  • Choix participatifs des espèces afin d’assurer un REBOISEMENT UTILE
  • Adoption de l’approche miro-zonage multi-ressources.

Il est essentiel de prendre en compte les caractéristiques physiques de la parcelle pour le succès de l’initiative, notamment les caractéristiques du sol et la topographie, en faisant appel à des experts locaux. Ceci permet de modéliser l’espace afin d’en assurer une gestion durable et rentable à cours, moyen et long terme.

 

Promotion de l’appropriation de l’initiative de restauration socio-communautaire et la participation de tous les groupes sociaux

Une rencontre avec les autorités traditionnelles et religieuses de Mogazang impliquant toutes les couches sociales (Hommes, Femmes et Jeunes) avec utilisation de la main d’œuvre locale pour l’exécution et le suivi des tâches a été effectuée afin de réunir toutes informations utiles et de sensibiliser en même temps les populations concernées. Une étude socio-économique a ensuite été conduite afin de comprendre les enjeux de l’initiative proposée suivi de questionnaires, de discussions de groupes ainsi que d’un recensement des difficultés rencontrées par les populations qui a abouti à une compréhension commune des potentielles retombées sociales, économiques et environnementale de l’initiative. Une carte participative du village élaborée par les populations sous le guide de l’appui conseil suivie d’une prospection faite de façon consensuelle, a permis de localiser le site potentiel (bassin versant) pour piloter l’initiative (~10,74 ha), qui est un site du domaine national de l’Etat, sous la supervision du bureau exécutif du Comité de développement du village, mais est gérée par « la population pour la population ». Il s’agira d’un reboisement aux fins de production du bois de feu, de service, du fourrage, des produits alimentaires, des plantes médicinales et autres.

  • S’assurer que les doléances des populations concernées sont bien comprises et que la solution à proposer va aider à résoudre le problème posé
  • Impliquer les représentants de tous les membres du groupe surtout femmes et jeunes
  • S’assurer que le site qui va accueillir l’initiative ne présente pas un conflit d’intérêt (aspect foncier non contesté)
  • Désigner des personnes ressources (Animateurs villageois) ayant un niveau d’éducation capable de rédiger des petits rapports d’activités et prévoir le renforcement de leurs capacités technique et managériale.
  • Compte tenu des us et coutumes de la communauté musulmane de la zone d’implémentation, il n’a pas été facile de faire participer les femmes activement aux discussions dès les premières descentes sur le terrain. Par la suite, nous avons réussi à démontrer le bien-fondé du point de vue des femmes aux discussions et elles ont été intégrées. En effet, ce sont les femmes, qui au quotidien, parcourent des longues distances à la recherche du bois de chauffe pour les ménages d’où la nécessité de les impliquer dans l’exécution des tâches de l’initiative
  • L’appropriation de l’approche de restauration d’un espace socio-communautaire par les bénéficiaires requiert des préalables notamment la mobilisation des bénéficiaires par les autorités administratives et traditionnelles. En effet, ces derniers ont tendance à mettre l’aspect pécuniaire en avant, ce qui pourrait réduire l’atteinte des objectifs.