L'homme au cœur de la nature : Protection des réserves de biosphère et de la biodiversité au Viêt Nam grâce à l'intendance communautaire
Le Viêt Nam, l'un des pays les plus riches en biodiversité au monde, perd la nature à un rythme alarmant en raison de la déforestation, du tourisme incontrôlé, du changement d'affectation des terres et de la pollution. Bien qu'il existe 176 zones protégées, nombre d'entre elles ont longtemps été traitées comme des "zones interdites", limitant la participation des communautés, affaiblissant la gestion et restreignant l'accès aux ressources. La croissance rapide du tourisme, des infrastructures, de l'agriculture et de la pêche, combinée aux lacunes des cadres juridiques, des capacités institutionnelles et de la sensibilisation, a accru la pression sur les paysages protégés et non protégés.
De 2020 à 2025, le projet de réserve de biosphère financé par le FEM, dirigé par le ministère des ressources naturelles et de l'environnement (aujourd'hui ministère de l'agriculture et de l'environnement) avec le soutien du PNUD, s'est efforcé de remodeler cette relation. Au cœur de ce projet, une idée simple mais puissante : la biodiversité prospère lorsque les communautés, les autorités et les planificateurs partagent la responsabilité des paysages dont ils dépendent.
Contexte
Défis à relever
Malgré les efforts déployés pour concilier développement et conservation, la gestion des réserves de biosphère reste confrontée à des défis majeurs. L'absence d'un cadre juridique et institutionnel cohérent constitue un obstacle majeur. Les réserves de biosphère ne sont pas officiellement reconnues dans les lois nationales sur la biodiversité, ce qui les prive de budgets spécifiques et limite l'autorité du Comité national de l'homme et de la biosphère en matière d'orientation et de coordination de la gestion. Au niveau des sites, la capacité institutionnelle reste faible. La biodiversité est souvent mise de côté dans la planification sectorielle et provinciale, tandis que les compétences techniques, l'engagement communautaire et les ressources financières sont insuffisants pour répondre aux besoins de gestion. Les lacunes en matière de sensibilisation et de connaissances freinent encore les progrès. Les données écologiques de base restent limitées et la compréhension intersectorielle de la gestion intégrée des paysages est encore faible. Cela rend les réserves de biosphère vulnérables à un moment où les pressions sur la nature augmentent rapidement.
Emplacement
Traiter
Résumé du processus
L'intégration de la gestion des ressources naturelles et de la conservation de la biodiversité dans la planification du développement socio-économique du Viêt Nam et dans la gouvernance des réserves de biosphère repose sur trois piliers interdépendants. Premièrement, le renforcement du cadre réglementaire et institutionnel fournit la base juridique et les mandats clairs nécessaires à la gestion coordonnée des réserves de biosphère.
Deuxièmement, la promotion d'une planification intégrée, multisectorielle et multipartite permet d'aligner les décisions en matière de conservation, de développement et d'utilisation des sols entre les agences gouvernementales, les communautés et les secteurs économiques.
Troisièmement, l'investissement dans la gestion des connaissances et la sensibilisation à l'égalité des sexes permet de s'assurer que les preuves, les enseignements et les voix des communautés éclairent la prise de décision, tout en suscitant un large soutien en faveur de la conservation.
Ensemble, ces trois piliers se renforcent mutuellement et forment une voie cohérente pour intégrer la biodiversité dans les programmes de développement nationaux et provinciaux.
Blocs de construction
Renforcement du cadre réglementaire et institutionnel pour la gestion des réserves de biosphère
Les réserves de biosphère n'ont pas été formellement reconnues dans la loi nationale vietnamienne, ce qui a entraîné une gouvernance fragmentée et un financement instable. Pour y remédier, le projet a soutenu l'intégration de la gestion des réserves de biosphère dans la loi sur la protection de l'environnement (2020) (n° 072/2020/QH) et a contribué à la publication du décret n° 08/2022/ND-CP et de la circulaire n° 02/2022/TT-BTNMT, qui ensemble fournissent des mandats juridiques clairs pour les réserves de biosphère en vertu de l'article 153.
Ces politiques ont ensuite été traduites en orientations concrètes, notamment par l'élaboration de la stratégie nationale de gestion des réserves de biosphère, le plan d'expansion et de renforcement du système de réserves de biosphère et des lignes directrices techniques sur les zones clés pour la biodiversité, les forêts à haute valeur de conservation, la gestion durable des forêts et l'intégration de la biodiversité dans la planification provinciale. Pour garantir une mise en œuvre efficace, 92 cours de renforcement des capacités ont été dispensés aux fonctionnaires nationaux et provinciaux, ce qui a permis d'augmenter de 35 % les capacités institutionnelles.
Les exigences en matière d'évaluation de l'impact sur la biodiversité ont également été intégrées dans le système national d'évaluation environnementale, garantissant que les nouveaux projets de développement dans les réserves de biosphère appliquent des mesures de sauvegarde de la biodiversité. L'ensemble de ces efforts a permis de créer un cadre de gouvernance cohérent, de renforcer la coordination entre les différents niveaux, d'augmenter le financement des réserves de biosphère de 305 % entre 2017 et 2024 et de renforcer la viabilité à long terme de la gestion des réserves de biosphère au Viêt Nam.
Facteurs favorables
Engagement du gouvernement : fort engagement national sous l'égide de MONRE (maintenant MAE) pour intégrer la gestion des réserves de biosphère dans les politiques environnementales (LEP 2020, circulaire MONRE 2022).
Collaboration intersectorielle : Collaboration active entre le MAE, le MAB et le PNUD, favorisant la cohérence intersectorielle.
Coordination nationale-provinciale : Mécanismes de coordination efficaces entre les niveaux national et provincial.
Ouverture à la cogestion : Ouverture du gouvernement à l'institutionnalisation de la cogestion et des cadres de gouvernance adaptative.
Leçon apprise
La reconnaissance juridique transforme la pratique : L'ancrage des réserves de biosphère dans la législation nationale s'est avéré essentiel. Une fois intégrées dans la loi sur la protection de l'environnement et soutenues par le décret n° 08/2022/ND-CP et la circulaire n° 02/2022/TT-BTNMT, les réserves de biosphère ont obtenu des mandats clairs, une légitimité et un accès à un financement plus stable.
Les outils et les mandats doivent être pratiques : Les réformes juridiques ne sont devenues opérationnelles que lorsqu'elles ont été accompagnées de lignes directrices utilisables sur les zones clés pour la biodiversité, les forêts à haute valeur de conservation, la gestion durable des forêts et l'évaluation de l'impact sur la biodiversité. Ces outils ont aidé les provinces à traduire la politique en décisions quotidiennes.
La co-conception accélère l'adoption : Les politiques élaborées avec les autorités provinciales et les conseils de gestion des réserves de biosphère étaient plus réalistes et ont été plus rapidement acceptées, ce qui montre que les contributions de la base sont essentielles.
Le renforcement des capacités n'est pas facultatif : Les 92 cours de formation ont permis de créer une compréhension commune entre les secteurs et d'augmenter les capacités institutionnelles de 34,8 %, ce qui prouve que les réformes nécessitent un investissement continu dans les personnes, et pas seulement dans les politiques.
Une meilleure coordination permet de débloquer des financements : Des mandats clairs et des structures de gouvernance plus solides ont contribué à une augmentation de 305 % du financement des réserves de biosphère, ce qui montre que la clarté institutionnelle favorise directement la mobilisation des ressources.
La volonté politique est indispensable pour pérenniser les progrès : Sans un engagement à long terme et des ressources adéquates, les progrès en matière de réglementation risquent de s'arrêter. Les changements durables dépendent d'un leadership et d'un suivi cohérents.
Planification et gestion intégrées multisectorielles et multipartenaires pour les réserves de biosphère
Ce module renforce la planification intégrée et multisectorielle dans les trois réserves de biosphère du Viêt Nam en utilisant une approche participative et adaptative pour remédier à la fragmentation de l'utilisation des terres et de la gestion des ressources. Le processus a commencé par la compréhension de la manière dont les autorités locales, les communautés, les opérateurs touristiques et les gestionnaires de zones protégées interagissent avec les ressources forestières et paysagères. Grâce à ce travail de base, le projet a identifié les lacunes dans la coordination intersectorielle et les possibilités d'aligner la conservation sur les priorités socio-économiques.
Ensuite, des plateformes de planification multipartites ont été mises en place pour relier les départements provinciaux, les conseils de gestion des zones protégées, les communautés locales et les acteurs privés. Ces plateformes ont permis de prendre des décisions conjointes, de soutenir l'intégration des considérations relatives à la biodiversité dans la planification du développement et de renforcer la gouvernance des zones protégées. En conséquence, les scores de l'outil de suivi de l'efficacité de la gestion (METT) dans six zones protégées ont augmenté en moyenne de 38 points, ce qui est bien supérieur à l'objectif du projet.
Grâce à ces partenariats, le projet a facilité la planification de l'utilisation des terres sur la base de données probantes. Au total, 62 940 hectares de forêts et d'écosystèmes à haute valeur de conservation ont été cartographiés et désignés comme zones de jachère et d'utilisation non extractive ; 4 005 hectares de forêts dégradées ont été restaurés ; des systèmes de suivi des espèces phares ont été introduits ; et la certification du tourisme respectueux de la biodiversité a été encouragée, atteignant 21 % d'adoption d'ici à 2024.
Au total, plus de 1,79 million d'hectares de zones tampons et de zones de transition des réserves de biosphère ont été placés sous gestion durable. Ce cadre de planification intégrée permet désormais au Viêt Nam d'intégrer la biodiversité dans des décisions de développement plus larges, renforçant ainsi un réseau de biosphère fonctionnel qui soutient à la fois l'intégrité écologique et le bien-être des communautés.
Facteurs favorables
Engagement inclusif : Engagement inclusif des parties prenantes aux niveaux communautaire et provincial.
Communication claire : Mécanismes de communication et de prise de décision participative adaptés aux acteurs locaux.
Intégration des moyens de subsistance : Intégration des activités de subsistance (écotourisme, agriculture durable) aux objectifs de conservation.
Soutien continu : Collaboration continue avec le PNUD, les ONG, l'Union des femmes, les associations d'agriculteurs, les instituts de recherche et les gouvernements locaux pour le renforcement des capacités et le transfert des connaissances.
Leçon apprise
La planification participative améliore les résultats : l 'engagement des autorités, des communautés, des ONG et des acteurs privés a permis de renforcer l'efficacité de la gestion et d'élargir les zones faisant l'objet d'une gestion durable. La planification conjointe a permis de réduire la fragmentation et d'améliorer l'alignement des priorités en matière de conservation et de développement.
L'institutionnalisation est nécessaire à la durabilité : sans structures formelles de cogestion, sans mandats clairs et sans systèmes réguliers de partage des connaissances, de nombreux progrès dépendent du soutien continu des projets. L'intégration de la collaboration dans les accords officiels et les processus de gouvernance est essentielle pour un impact à long terme.
Le leadership et les mandats façonnent les progrès : les sites bénéficiant d'un leadership local fort et de responsabilités clairement définies ont progressé plus rapidement. Lorsque les priorités provinciales étaient fragmentées ou que les mandats n'étaient pas clairs, les progrès ont ralenti, ce qui montre que le contexte de gouvernance influe fortement sur les résultats.
Les projets pilotes sur les moyens de subsistance ont besoin de liens avec le marché : les activités communautaires sur les moyens de subsistance ont montré que les populations locales sont prêtes à soutenir la conservation. Cependant, le maintien de ces modèles nécessite des liens plus étroits avec les marchés, les chaînes de valeur et les incitations économiques à long terme.
Lesprojets pilotes de tourisme sont prometteurs mais ont besoin de soutien : le tourisme respectueux de la biodiversité à Cu Lao Cham-Hoi An a démontré son potentiel, mais son extension nécessitera un suivi cohérent, des incitations et un engagement plus étroit avec les opérateurs locaux.
Les approchesdoivent rester réalistes et adaptées au contexte : les approches intégrées des réserves de biosphère fonctionnent mieux lorsqu'elles sont fondées sur les conditions locales, une cogestion précoce et un renforcement progressif des capacités. Les modèles trop ambitieux qui ne reposent pas sur des bases locales solides sont plus difficiles à maintenir au-delà de la période du projet.
Gestion des connaissances et sensibilisation à l'égalité des sexes pour une gouvernance durable des réserves de biosphère
Ce module renforce la gestion des connaissances et promeut la sensibilisation à l'égalité des sexes pour soutenir la gouvernance durable des réserves de biosphère du Viêt Nam. Le projet a commencé par identifier les faibles niveaux de compréhension des communautés, des opérateurs touristiques et des agences sectorielles concernant les menaces pesant sur la biodiversité et les impacts d'un développement non planifié. Le projet a ensuite conçu une approche coordonnée de formation et de partage des connaissances afin de renforcer les compétences locales et de créer des systèmes de transfert des enseignements entre les sites.
Au total, 92 cours de formation ont été dispensés aux niveaux central et provincial sur la gestion des réserves de biosphère, l'intégration de la biodiversité dans la planification, les outils de surveillance et les modèles de moyens de subsistance durables. Plus de 3 100 participants, dont environ 40 % de femmes, ont été formés au suivi de la biodiversité, à l'application du METT et à la gestion des ressources naturelles. En septembre 2024, le niveau de sensibilisation des membres de la communauté et des opérateurs touristiques avait atteint 75 %.
Afin de pérenniser l'apprentissage au-delà des formations individuelles, les systèmes de gestion des connaissances ont été renforcés. Des sites web en libre accès pour les sites cibles des réserves de biosphère nationales ont été créés ou mis à jour pour héberger des lignes directrices, des ressources et du matériel de formation. En outre, 19 modèles potentiels de meilleures pratiques ont été identifiés et documentés, y compris ceux liés aux zones de jachère et à l'écotourisme, en vue d'une éventuelle reproduction, ce qui permet de s'assurer que les modèles réussis peuvent être adaptés et étendus à d'autres réserves de biosphère au Viêt Nam.
Facteurs favorables
Documentation systématique : Documentation des bonnes pratiques et mise en place d'un centre de coordination national pour le partage des enseignements.
Efforts de sensibilisation cohérents : Communication et sensibilisation régulières pour promouvoir les approches des réserves de biosphère dans tout le pays.
Renforcement des capacités sur mesure : Programmes de formation et de renforcement des capacités adaptés aux besoins des communautés et des institutions.
Stratégie formelle de connaissance : Une stratégie formelle de gestion des connaissances entre le MAE et le MAB pour un apprentissage durable.
Leçon apprise
La sensibilisation doit être continue : les formations et les activités de communication ont été efficaces - elles ont permis de sensibiliser 75 % des participants et d'en engager plus de 3 100 - mais un impact durable nécessite un renforcement continu plutôt que des événements ponctuels.
La connaissance a besoin d'être structurée, pas seulement d'être diffusée : Bien que de nombreuses bonnes pratiques aient été générées, elles n'ont pas toujours été systématiquement conservées ou reliées à un centre de connaissances national, ce qui limite la reproduction entre les sites.
L'institutionnalisation de la gestion des connaissances est essentielle : L'intégration de la gestion des connaissances au sein du MAE/NBCA et du Comité national du MAB est cruciale pour garantir que les outils, les lignes directrices et les modèles sont normalisés, mis à jour et ouvertement accessibles.
L'apprentissage sensible au genre renforce les résultats : La participation des femmes a été forte, mais pour s'assurer que les femmes influencent les décisions - et ne se contentent pas d'assister aux activités - il faut délibérément intégrer les perspectives de genre dans le contenu de la formation et les produits de la connaissance.
Les leçons de la cogestion nécessitent des voies d'accès claires : Les enseignements tirés de la planification participative et de la cogestion communautaire doivent être documentés et intégrés dans la politique nationale et la planification future des réserves de biosphère afin d'éviter de répéter les mêmes défis.
Impacts
Le projet a produit des résultats transformateurs dans l'ensemble des réserves de biosphère du Viêt Nam. Grâce à une gestion participative, il a permis d'améliorer la gestion de 1,79 million d'hectares de zones terrestres et de 21 915 hectares de zones marines, et de désigner 62 940 hectares comme forêts à haute valeur de conservation. En outre, 4 005 hectares de forêts dégradées ont été restaurés, ce qui a permis aux paysages de se reconstituer.
Au total, 3 125 ménages ont adopté des pratiques de subsistance durables, dépassant ainsi les objectifs fixés, les femmes représentant 40 % des bénéficiaires. Au total, 14 746 personnes en ont directement bénéficié.
Les institutions se sont également renforcées. La capacité de gestion des réserves de biosphère a augmenté de 35 % et les enseignements tirés du projet ont contribué à la révision de la loi vietnamienne sur la protection de l'environnement et des décrets connexes, intégrant la biodiversité dans la planification nationale. Pendant la durée du projet, tous les nouveaux projets de développement présélectionnés ont fait l'objet d'une évaluation de l'impact sur la biodiversité, dont la conformité à 100 % a été confirmée lors de l'évaluation finale.
L'impact du projet sur le climat a été tout aussi important, puisqu'il devrait permettre d'éviter 33,88 MtCO₂eq d'émissions de gaz à effet de serre sur 20 ans grâce à la conservation de la nature. L'engagement financier s'est accru avec le triplement du financement de la gestion de la réserve de biosphère. En 2023, 21 % des installations touristiques avaient adopté des pratiques respectueuses de la biodiversité, et la sensibilisation de la communauté s'était considérablement améliorée, illustrant un large changement vers des pratiques de développement et de tourisme axées sur la conservation.
Bénéficiaires
Les bénéfices s'étendent à trois réserves de biosphère (1,81 million), soutenant les communautés des zones tampons, les groupes ethniques minoritaires et les femmes, tout en conservant des espèces clés telles que Lobophyllia serratus (EN), le gaur(Bos gaurus, VU) et Trachypithecus barbei (VU).
Cadre mondial pour la biodiversité (CMB)
Objectifs de développement durable
Histoire
À l'aube, dans la réserve de biosphère de Dong Nai, l'empreinte d'un éléphant s'enfonce dans la terre humide, stable, ancienne et patiente. Ces géants se déplacent encore comme si la forêt était entière. Mais leur monde a été lentement divisé par les routes, les plantations et les frontières provinciales qui découpent le paysage. Pour une espèce qui ne connaît pas de frontières, une protection limitée aux limites administratives n'a jamais été suffisante.
La DNBR est immense - 756 000 hectares répartis sur cinq provinces - et abrite des éléphants menacés, des gibbons rares et des communautés qui vivent avec la forêt depuis des générations. Pourtant, les menaces qui traversent la réserve - exploitation forestière illégale, empiétement et conflits croissants - ont été gérées à la frontière de chaque province. Pendant des années, Dong Nai a assumé la plupart des responsabilités, même si une grande partie de la forêt se trouvait au-delà de sa juridiction. L'écosystème est resté un tout connecté, mais sa gouvernance est restée fragmentée.
Le projet de réserve de biosphère, soutenu par le PNUD et le FEM, a contribué à changer la donne. Il a amené les cinq provinces à considérer le paysage non pas comme des territoires distincts, mais comme un système vivant unique. En 2022, un événement sans précédent s'est produit : toutes les provinces ont accepté d'adhérer à un mécanisme de gestion unifié. Un projet de conseil de gestion interprovincial et de plan de gestion environnementale définit désormais des responsabilités partagées et une vision collective du maintien des corridors écologiques et de la protection de la réserve en tant que paysage connecté.
Pendant ce temps, le changement s'opère également au sein des communautés. Grâce aux efforts de restauration, plus de 2 000 hectares de forêts dégradées ont été remis en état avec la participation des populations locales. Des fonds renouvelables ont permis à plus de 1 000 ménages de passer d'un mode de vie dépendant de la forêt à l'agriculture biologique, à l'élevage durable de bétail et à l'agroforesterie respectueuse de l'environnement. L'augmentation des revenus s'est accompagnée d'un renouveau du sens de l'intendance.
Des défis subsistent, car les pressions du développement se poursuivent et la nouvelle structure de gouvernance attend d'être pleinement approuvée. Mais la réserve a fait ses premiers pas vers un avenir où la conservation reflète la façon dont les éléphants se déplacent - au-delà des frontières, avec unité et détermination.
Si cet engagement commun se maintient, la DNBR pourrait devenir un modèle de conservation sans frontières, où les pas des éléphants continueraient à résonner dans une forêt protégée non pas par des lignes sur une carte, mais par une volonté collective.