
Réduction intégrée des risques de catastrophes dans les zones touchées par les inondations

Les villages et les terres les plus productives des parties inférieures de la chaîne de montagnes du Turkestan sont situés dans les vallées des rivières et des ruisseaux. Le débit des cours d'eau est très variable selon les saisons. Après les pluies et pendant la fonte des neiges, des événements extrêmes se produisent, avec des débits plusieurs fois supérieurs à la moyenne de la saison humide, entraînant le transport de grandes quantités de débris. Ces coulées de débris peuvent être beaucoup plus destructrices que les crues ordinaires. Les populations locales font état de crues soudaines et de laves torrentielles inconnues auparavant, qui peuvent être attribuées à la dégradation des sols dans les bassins versants supérieurs, combinée aux effets du changement climatique.
La solution a réuni le Comité des situations d'urgence, les communautés locales touchées et l'entreprise forestière. Avec l'aide d'experts fournis par le projet, la situation a été analysée, les risques identifiés et une intervention intégrée planifiée. Ces interventions ont consisté en des mesures vertes et grises et ont été mises en œuvre conjointement.
Contexte
Défis à relever
Les communautés ne disposaient pas des connaissances et des compétences techniques, ni des moyens financiers nécessaires pour mettre en œuvre la solution par elles-mêmes. Le Comité des situations d'urgence ne disposait pas non plus des ressources financières nécessaires pour soutenir les communautés. L'expertise technique, les machines et les matériaux de construction ont été fournis par la GIZ, tandis que les communautés ont apporté leur contribution sous forme de travail bénévole.
Les arbres plantés risquent d'être endommagés par le bétail en liberté. Ils ont donc dû être clôturés ou protégés individuellement.
Emplacement
Traiter
Résumé du processus
Les éléments constitutifs représentent trois éléments différents :
- l'approche participative générale, qui garantit les meilleurs avantages locaux, l'appropriation par les populations locales, leur engagement et donc la durabilité des mesures mises en œuvre ;
- les éléments techniques clés, qui garantissent l'efficacité de la réduction des risques de catastrophes ainsi que sa durabilité ; et
- la collaboration avec un acteur clé, à titre d'exemple, l'implication de différentes parties prenantes, au-delà de la zone immédiate du risque de catastrophe.
Le projet de la GIZ a assuré l'interaction des trois éléments constitutifs et l'on s'attend à ce que cette interaction fonctionne au-delà de la durée de vie du projet et qu'elle soit reproduite.
Blocs de construction
Participation de la communauté à la planification, à la construction et à l'entretien
Souvent, les mesures de réduction des risques de catastrophes ne répondent pas efficacement aux besoins des personnes touchées ou ne sont pas viables à long terme. Cela peut être dû à l'implication insuffisante des populations locales dans la planification, la construction et l'entretien de ces mesures. Les personnes concernées ne se sentent pas suffisamment responsables et s'attendent à ce que les organisations qui ont mis en place les mesures s'occupent également d'elles.
La participation des communautés locales à la planification a permis d'intégrer leurs connaissances et de répondre à leurs besoins et préoccupations. Elles se sont impliquées dans les travaux de construction et ont apporté des contributions substantielles sous forme de travail communautaire volontaire (appelé hashar) et de matériaux disponibles localement, ce qui a créé un fort sentiment d'appropriation. Dans le cadre d'un processus informel de sélection sociale, les communautés ont identifié des personnes possédant les capacités techniques et sociales requises et les ont désignées comme responsables de l'entretien futur. Elles feront appel à la communauté pour un travail commun si nécessaire.
Les personnes chargées de l'entretien des mesures de protection obtiennent en récompense le droit d'utiliser le combustible et le fourrage produits par la végétation protectrice.
Facteurs favorables
La tradition du travail communautaire volontaire (appelé hashar) a été un important facteur de facilitation. Dans un hashar, les gens travaillent ensemble sur un projet individuel ou communautaire et les bénéficiaires leur fournissent de la nourriture.
L'accès à des avantages particuliers sous forme de bois de chauffage et de fourrage a en outre incité les gens à assumer des responsabilités à long terme. Les autres personnes considèrent ce droit d'utiliser certaines ressources comme une récompense légitime pour avoir assumé la responsabilité des structures de protection.
Leçon apprise
Pour assurer le succès et la viabilité à long terme, il est essentiel d'impliquer la communauté à tous les stades, de la planification à l'entretien en passant par la mise en œuvre. Le moyen le plus efficace consiste à identifier les personnes les plus motivées et les plus intéressées, qui peuvent jouer le rôle d'initiateurs et de moteurs du processus et mobiliser les autres membres de la communauté.
Combinaison de technologies vertes et grises
La gestion des risques de catastrophes peut consister en des constructions protectrices en pierre, en béton et en fer ("grises") et en l'utilisation d'une végétation protectrice ("verte"). La combinaison des deux présente plusieurs avantages. Les mesures vertes peuvent nécessiter plusieurs années avant de devenir efficaces. Dans le même temps, les mesures grises peuvent perdre de leur stabilité au fil du temps, par exemple si les fils de gabion sont corrodés ou si les murs sont emportés par l'eau. Les arbres bien entretenus, en revanche, peuvent servir potentiellement pour toujours.
La solution a consisté à combiner des mesures vertes et grises sous différentes formes. Les lits des rivières ont été remodelés et des gabions ont été installés pour une protection immédiate. Des arbres ont été plantés, notamment sous la forme de trépieds en branches de saule, renforcés par des pierres. Ils assureront une protection à long terme.
Dans un bassin versant supérieur situé au-dessus d'un site affecté par une coulée de débris, des ravines ont été bloquées avec des branches et des pierres et des arbres ont été plantés pour les stabiliser et empêcher une érosion plus importante. Sur le site d'accumulation, des arbres irrigués au goutte-à-goutte et protégés par une clôture temporaire rendent la terre à nouveau utilisable et fertile et assureront une certaine protection des terres situées plus bas contre les futures coulées de débris.
Facteurs favorables
Les facteurs favorables comprennent la disponibilité des compétences et de l'expérience en ingénierie fournies par la GIZ, ainsi que la fourniture de machines et de matériaux. Ces facteurs ont été combinés à la volonté de la population locale de contribuer au travail et aux matériaux disponibles localement.
Leçon apprise
La combinaison de mesures grises et vertes peut augmenter la rentabilité des mesures de réduction des risques de catastrophes. L'utilisation d'espèces d'arbres naturelles permet de stabiliser ou de rétablir la végétation naturelle et d'utiliser les services écosystémiques.
Les mesures vertes peuvent être affectées par le bétail en liberté ou mal gardé. Les clôtures temporaires, la protection individuelle des arbres et une bonne participation de la communauté locale sont donc essentielles à la réussite de ces mesures.
Collaboration avec les entreprises forestières
Les terres où le risque de catastrophe est le plus critique sont généralement situées en aval et n'appartiennent pas à l'entreprise forestière. Les zones où les crues soudaines et les laves torrentielles prennent naissance sont les bassins versants supérieurs situés en amont. Nombre de ces zones sont gérées par l'entreprise forestière. Son implication est donc cruciale.
L'entreprise forestière vise à améliorer la gestion des bassins versants supérieurs en réglementant le pâturage, en prévenant la déforestation et en menant des activités de reboisement.
En outre, dans le cas de la solution, l'entreprise forestière a fourni des terres à louer aux membres de la communauté intéressés, qui les remettraient en état, planteraient des arbres et feraient pousser du fourrage pour leur bétail, tout en empêchant le surpâturage et la destruction de la végétation.
Facteurs favorables
Le facteur clé est la collaboration entre les entreprises forestières et les utilisateurs locaux des terres, y compris les contrats de location, qui offrent des avantages clairs aux utilisateurs.
L'entreprise forestière de Shahriston a une longue expérience de la propagation des genévriers indigènes et de la réhabilitation réussie des forêts de genévriers à l'aide de ces semis. Avec l'aide de la GIZ, la pépinière forestière a été clôturée afin d'éviter les dégâts causés par le bétail en liberté et d'augmenter la production de plants d'arbres indigènes.
Leçon apprise
La collaboration nécessite des mécanismes clairs et la prise en compte des intérêts des différentes parties prenantes. Les utilisateurs des terres ne sont prêts à assumer la responsabilité des terres forestières qu'en cas d'accords clairs garantissant des avantages à long terme.
Dans certains cas, l'entreprise forestière est confrontée à un conflit d'intérêts difficile à résoudre. Une grande partie de ses revenus provient des permis de pâturage délivrés aux éleveurs qui font paître leur bétail sur les terres forestières. En outre, des pressions sociales informelles s'exercent sur l'entreprise forestière pour qu'elle autorise l'accès à des troupeaux de plus en plus nombreux. Cela entre en conflit avec la fonction de l'entreprise forestière qui est de protéger les pâturages, les bois et les forêts ainsi que leurs services écosystémiques. Tant que ces services écosystémiques ne seront pas suffisamment honorés, la dégradation des terres augmentera le risque de catastrophe. Ce problème est particulièrement difficile à résoudre dans un contexte transfrontalier où le bassin versant supérieur et les villages touchés relèvent de juridictions différentes.
Impacts
Impacts sur l'environnement :
- prévention de l'érosion intensive non naturelle ;
- réhabilitation de la végétation et création de nouveaux habitats ;
Impacts sociaux :
- mobilisation du travail communautaire commun pour traiter les problèmes et les risques affectant la communauté ;
- collaboration entre les utilisateurs des terres, les dirigeants de la communauté, le comité des situations d'urgence et l'entreprise forestière ;
- le développement des capacités sous forme de connaissances et de compétences pour mettre en œuvre plusieurs technologies pour la réhabilitation des terres, l'utilisation durable des terres et la réduction des risques de catastrophe ;
- la prévention des catastrophes entraînant la destruction de maisons, d'infrastructures, de terres productives et menaçant la vie et la santé des personnes.
Impacts économiques :
- prévention des pertes économiques causées par des inondations désastreuses ;
- réhabilitation des terres touchées ;
- création de nouvelles plantations d'arbres productifs (fruits, bois de chauffage).
Bénéficiaires
Les bénéficiaires sont les ménages et les communautés vivant dans les zones à risque de catastrophe, ainsi que les personnes qui s'occupent des mesures vertes et qui, en retour, ont le droit d'utiliser les fruits et les branches des arbres, ainsi que le fourrage provenant du site réhabilité.
Objectifs de développement durable
Histoire

Depuis des années, Hoji Numonjon Aslonov, un habitant du village de Kurush dans le district de Spitamen de la province de Sughd, voit ses terres emportées par des coulées de débris provenant des montagnes du Kirghizistan voisin. En raison de précipitations extrêmes et de températures estivales anormalement élevées, le risque s'est encore aggravé ces dernières années. Ses maisons et celles de ses voisins étaient déjà directement menacées lorsque le Comité des situations d'urgence et la GIZ ont aidé la population locale en lui fournissant des conseils techniques et des matériaux de construction pour ériger un mur de protection pour leurs maisons.
En l'espace d'une trentaine de jours, les membres de la communauté, sous la direction de Hoji Numonjon Aslonov, ont construit un mur de protection en gabions de 300 mètres de long. En outre, la communauté a fourni des plants d'osier, qu'ils ont plantés le long du mur, créant ainsi une protection supplémentaire à long terme, qui se renforce avec le temps.
Le mur de protection a déjà résisté à plusieurs reprises à de fortes coulées de boue, démontrant ainsi sa solidité et son efficacité. Hoji Numonjon Aslonov prend bien soin des arbres, qui ont déjà atteint une taille respectable et empêchent les fondations du mur d'être emportées par les eaux. Se sentant à nouveau en sécurité, il a même commencé à utiliser la zone située derrière le mur en y plantant des arbres fruitiers, ce qui constitue une contribution supplémentaire à ses moyens de subsistance.