Les nouveaux gardiens du páramo : des accords volontaires qui transforment les pratiques des familles d'agriculteurs.

Solution complète
Parc naturel national de Chingaza
Fredy García

Le parc national de Chingaza, qui s'étend sur plus de 77 000 hectares, est l'une des zones protégées les plus stratégiques du système des parcs nationaux colombiens, car il constitue la principale source d'eau potable pour 10 millions d'habitants de Bogota et des municipalités environnantes. Il protège également les écosystèmes de landes et de forêts andines qui sont essentiels à la régulation des ressources en eau dans le macro-bassin de l'Orénoque, conserve des espèces de faune et de flore endémiques et/ou menacées à l'échelle nationale et mondiale, et sauvegarde des sites importants pour les communautés indigènes qui habitaient le territoire. Pour garantir sa protection, le parc, dans le cadre d'un pacte de conservation avec les familles paysannes, a établi des accords de conservation. Cette stratégie participative permet aux communautés d'améliorer leurs pratiques de production tout en garantissant la protection d'écosystèmes clés pour la fourniture de services écosystémiques, réalisant ainsi un effort collectif local qui garantit la sécurité de l'eau pour les générations futures.

Dernière modification 19 Dec 2025
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Contexte
Défis à relever
Perte de l'écosystème
Manque de sécurité alimentaire
  • Les interactions négatives entre la population locale et l'ours des Andes sont liées aux représailles exercées par les agriculteurs à l'encontre de cette espèce en raison d'attaques sur leur bétail. Ces attaques sont dues à l'expansion de la frontière agricole dans les zones forestières, ce qui entraîne la perte de leur habitat.
  • Des activités productives telles que l'élevage et/ou l'agriculture avec des pratiques traditionnelles qui ont un impact sur les écosystèmes.
  • Manque de connaissances et de ressources économiques de la part des communautés pour le développement d'activités agricoles durables.
  • Manque de connaissances de la part des communautés sur l'importance de la zone protégée dans la fourniture de services écosystémiques.
  • Mise en œuvre de stratégies de gestion des zones protégées qui n'intègrent pas les connaissances locales des communautés.
  • Méfiance de la population à l'égard des entités gouvernementales, car leurs actions sur le territoire ont été basées sur le développement d'interventions qui ne génèrent pas de processus ou de suivi et/ou de contrôle.
Échelle de mise en œuvre
Local
Écosystèmes
Terres cultivées
Thème
Services écosystèmiques
Moyens d'existence durables
Acteurs locaux
Emplacement
San Juanito, département de Meta, Colombie
Traiter
Résumé du processus

Le scénario de confiance réciproque entre les communautés et le PN Chingaza a été fondamental dans la signature des accords de conservation. Pour les familles paysannes, ces accords représentent une occasion unique de rechercher la souveraineté alimentaire tout en utilisant les ressources naturelles de manière durable et en contribuant à la conservation de la zone protégée. De même, il a été possible de mettre en place avec succès un suivi communautaire dans les zones prioritaires, de sensibiliser les communautés par des activités d'éducation à l'environnement et de mener des activités conjointes de prévention, de surveillance et de contrôle. Ces processus de gouvernance environnementale et de gestion des connaissances profitent non seulement à Chingaza, mais servent également de modèle pour la création de réseaux de conservation durables entre les parcs nationaux colombiens et les communautés locales, garantissant ainsi la protection complète des écosystèmes du pays.

Blocs de construction
Confiance et relations de voisinage

La participation des communautés locales est un pilier fondamental des processus de conservation des parcs nationaux de Colombie. En ce sens, le PN de Chingaza, par le biais de cette stratégie, a lié des familles d'agriculteurs par des accords de conservation afin de réduire les pressions exercées sur les écosystèmes par les activités agricoles et d'élevage. De cette manière, les activités productives sont améliorées grâce à la fourniture d'intrants et les communautés libèrent en échange des zones de leurs terres pour les processus de conservation. Ce processus fructueux repose sur une confiance mutuelle et une relation permanente entre l'autorité environnementale et les communautés. La conformité et les efforts conjoints des deux parties ont permis d'atteindre les objectifs de cette stratégie.

Facteurs favorables
  • La reconnaissance de l'aire protégée en tant qu'acteur clé du territoire pour la fourniture de services écosystémiques et la gestion de l'amélioration de la qualité de vie des communautés a facilité les relations avec les familles.
  • La volonté et l'engagement ferme des communautés à s'impliquer dans les processus de conservation ont permis d'élaborer conjointement les actions de conservation et d'utilisation durable pour chaque bien et leur programmation sur la durée de l'accord (5 ans).
  • Accompagnement technique permanent et suivi de l'exécution des actions de protection, de conservation et d'utilisation durable des terres pendant la mise en œuvre de l'accord.
  • Consensus avec les familles paysannes dans la mise en place des activités opérationnelles des conventions, de manière à ce que les actions de conservation s'intègrent harmonieusement dans le travail de l'exploitation.
Leçon apprise
  • L'élaboration de stratégies de gestion pour la conservation des écosystèmes stratégiques de haute montagne, comme la signature d'accords de conservation, s'est appuyée sur les connaissances locales des familles d'agriculteurs avec le soutien technique de l'équipe de travail de la zone, ce qui garantit le maintien des actions de conservation dans le temps.
  • Il est essentiel de renforcer la gouvernance avec les communautés afin de responsabiliser les habitants. Ce sont eux qui prennent les décisions concernant la conservation de leur région.
  • Les activités agricoles sont la base de la subsistance des familles, c'est pourquoi il était important d'évaluer l'équilibre entre la conservation et la production afin de ne pas entrer en conflit avec les habitants, en cherchant à négocier en fonction des besoins locaux.
  • Le respect des accords par le PN Chingaza génère la confiance des communautés pour atteindre avec succès l'objectif des accords mis en œuvre.
Amélioration durable de la production

Les familles paysannes qui ont signé les accords fondent leur subsistance principalement sur les activités agricoles. C'est pourquoi les actions à mettre en œuvre dans le cadre de ces accords ont été élaborées conjointement avec les bénéficiaires, de manière à stimuler l'amélioration de leurs pratiques productives et à assurer en même temps la conservation des forêts dans chaque propriété.

Le soutien s'est concentré sur la fourniture d'intrants agricoles, d'outils, de matériaux durables pour l'infrastructure des cultures, entre autres, ce qui atténue l'impact des mauvaises pratiques agricoles et réduit la pression de la déforestation.

La récupération de la couverture végétale est évidente et la perception positive de ce processus par les communautés se reflète dans leur intérêt à déclarer certaines de ces terres comme réserves naturelles de la société civile, une initiative de conservation privée qui cherche à contribuer, mais qui exige en même temps l'organisation de leurs activités productives pour réduire leur impact sur les écosystèmes et les habitats stratégiques pour des espèces telles que l'ours des Andes.

Facteurs favorables
  • Attribution d'une zone spécifique des terres des familles (5,0410 ha) pour la mise en œuvre de l'accord, contribuant à la connectivité écologique dans le contexte territorial du PN de Chingaza.
  • La communauté s'est engagée à mettre en œuvre le modèle de production et les actions qui ont été convenues précédemment au cours du processus de planification sur leurs terres.
  • Les familles ont suivi les recommandations techniques de l'équipe technique du PN de Chingaza liée au projet, en faveur de la reconversion et de la gestion durable du système de production.
  • Participation active des familles non seulement aux activités du projet, mais aussi aux événements de formation, aux ateliers et aux cours liés aux objectifs définis dans les accords.

Leçon apprise
  • La participation des communautés dès la conception des accords était fondamentale pour garantir l'appropriation et l'engagement dans leur mise en œuvre.
  • Caractérisation détaillée de chacune des propriétés, comprenant des informations productives, biophysiques, écosystémiques et sociales. Ce diagnostic a permis de planifier les systèmes de production en fonction des besoins et des conditions de chaque famille et de chaque exploitation.
  • Les visites de suivi technique dans les exploitations ont été essentielles pour accompagner et garantir le processus de mise en œuvre des intrants, des équipements et des matériaux livrés au cours des différentes phases. Cela permet de renforcer efficacement les systèmes de production et de conservation.
Intégration des stratégies de gestion des aires protégées dans le cadre des accords

Les stratégies de gestion que l'AP met en œuvre dans le cadre de ces accords sont alignées sur : le suivi, l'éducation environnementale et la prévention, la surveillance et le contrôle. En ce qui concerne le suivi, des pièges photographiques ont été installés sur les propriétés prioritaires, où les familles participent à l'installation et au nettoyage des pièges, et où les procédures de collecte d'informations leur sont expliquées. À ce jour, 14 espèces de mammifères de moyenne et grande taille ont été recensées, dont trois espèces menacées classées "Vulnérables - VU" (Résolution 0126 de 2024) : l'ours des Andes(Tremarctos ornatus), le cerf de Soche (Mazama rufina) et le tigrillo laineux (Leopardus pardinoides). De même, 15 espèces d'oiseaux ont été recensées, parmi lesquelles le pic géant (Campephilus pollens), le tinamou à tête rouge (Nothocercus julius), l'engoulevent à queue d'hirondelle (Uropsalis segmentata), le guano des Andes (Penelope montagnii) et le toroï ondulé (Grallaria squamigera).

Ensuite, dans le cadre de l'éducation à l'environnement, les résultats obtenus sont communiqués aux familles et la sensibilisation à l'importance de la protection des forêts est renforcée.

Enfin, la prévention, la surveillance et le contrôle sont effectués par le biais de visites conjointes avec les communautés, ce qui permet d'assurer le suivi de la mise en œuvre des accords.

Facteurs favorables
  • L'AP disposait des ressources financières, des équipements physiques et du personnel nécessaires au développement des stratégies, ce qui permet une présence institutionnelle permanente et un accompagnement efficace dans le processus de mise en œuvre des accords.
  • Il existe une planification annualisée des actions à mettre en œuvre, de sorte que les activités répondent aux besoins de gestion de l'AP.
  • Les actions répondent à la planification et à la gestion définies par l'aire protégée, c'est pourquoi elles fonctionnent de manière intégrée.
Leçon apprise
  • L'accent mis sur la gouvernance et la souveraineté alimentaire a facilité les relations et les interactions avec les communautés agricoles, car il a permis de mettre en œuvre des stratégies de gestion en commun.
  • Les communautés locales sont reconnues et leur travail sur le territoire est valorisé, car elles jouent un rôle important dans la conservation et la protection de l'écosystème de haute montagne.
Impacts
  • Depuis 2021, 101 accords de conservation ont été signés avec 113 familles d'agriculteurs, assurant la protection de 1 588,25 ha dans une zone adjacente au parc national de Chingaza, dans les municipalités de San Juanito et El Calvario dans le département de Meta ; Choachí, Fómeque et Junín, dans le département de Cundinamarca. Ces accords ont un impact multidimensionnel sur la conservation des habitats, la durabilité du territoire et la permanence des services écosystémiques.
  • Les 101 accords contribuent à l'amélioration de la connectivité écologique et atténuent l'interaction négative entre la communauté et la faune.
  • Les 113 familles d'agriculteurs sont renforcées par l'initiative de conservation, contribuant à l'amélioration de leur qualité de vie grâce à la conversion des systèmes de production conventionnels en systèmes de production durables, ce qui se reflète dans les processus de gestion de l'environnement et de la production du territoire.
  • Ces accords protègent 844,12 hectares de forêts qui fonctionnent comme des corridors biologiques. Cela permet aux espèces de se déplacer et de maintenir la bonne santé des forêts à l'avenir.
  • L'éducation environnementale, le suivi, la prévention, la surveillance et le contrôle sont liés à ce travail de manière participative, en tant que stratégies de protection de la faune, générant une prise de conscience de la propriété et du respect de la nature, transformant les communautés en gardiennes et alliées du parc de Chingaza.
Bénéficiaires
  • 485 bénéficiaires des accords de conservation, dont 113 familles d'agriculteurs.
  • Espèces de faune et de flore menacées et/ou en voie de disparition.

Cadre mondial pour la biodiversité (CMB)
Objectif 2 du GBF - Restaurer 30 % de tous les écosystèmes dégradés
Objectif 4 du GBF - Stopper l'extinction des espèces, protéger la diversité génétique et gérer les conflits entre l'homme et la faune sauvage
Objectif 10 du cadre stratégique pour l'agriculture - Améliorer la biodiversité et la durabilité dans les secteurs de l'agriculture, de l'aquaculture, de la pêche et de la sylviculture
Objectifs de développement durable
ODD 12 - Consommation et production responsables
Histoire

Pour le professionnel Fredy García, qui est né et a grandi dans le village de La Caja, dans la municipalité de Choachí, une zone adjacente au parc national de Chingaza, l'héritage laissé par son père, qui a été fonctionnaire du parc pendant 27 ans, lui a permis d'apprécier la richesse naturelle et les avantages offerts par la zone protégée. Au cours de ses huit années de travail avec le parc, il a pu apprendre et apporter son expertise à la mise en œuvre des différentes stratégies de gestion.

Son village a été l'une des zones prioritaires dans la mise en œuvre des accords de conservation, ce qui lui permet de voir au quotidien comment les bénéficiaires s'engagent à respecter les accords, à améliorer leur production et à conserver les forêts sur leurs terres. De même, il a constaté une perception positive de la gestion du parc, car les villageois reconnaissent que cette alliance permet une production plus durable, tout en apprenant et en protégeant la nature.

Connexion avec les contributeurs
Autres contributeurs
Lida Forigua
PNN Chingaza
Ramiro Pulido
PNN Chingaza
Fredy García
PNN Chingaza
Andrea Barrero
Parcs naturels nationaux de Colombie