Des engagements internationaux à la mise en œuvre locale - la restauration des paysages forestiers à Madagascar

Solution complète
From international committments to local implementation of forest landscape restoration
GIZ Madagascar

Le bien-être des habitants de Madagascar dépend de ses ressources naturelles et de ses services, tels que le bois de feu, la nourriture et l’eau. De nombreuses zones sont dégradées dues à l’utilisation non durable des terres. Les aléas climatiques ajoutent plus de risques pour les personnes, la nature et l’économie. La restauration des paysages forestiers (RPF) est une priorité clé de l'AFR100 pour assurer un développement durable. Les écosystèmes résilients améliorant l'économie, la sécurité alimentaire et l'approvisionnement en eau, la conservation et la séquestration du carbone en sont les piliers. Cette solution couvre la mise en place de plateformes multiséctorielles , les mesures de renforcement des capacités des acteurs, le développement d'une stratégie nationale RPF et la priorisation des payasages à restaurer basées sur une évaluation multicritère. Les prochaines étapes consisteront à identifier des sites pour piloter des activités de restauration dans la région Boeny. 

Dernière modification 01 Oct 2020
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Contexte
Challenges addressed
Désertification
Sécheresse
Dégradation des terres et des forêts
Perte de biodiversité
Changements dans le contexte socio-culturel

Une forte demande de produits alimentaires et de bois de chauffe entraîne la déforestation et la dégradation des sols, menant à l’érosion, aux pertes de productivité et au manque de régulation en eau. Des risques liés au changement climatique favorisent aussie la dégradation de l'environnement et la survie des populations.

Plusieurs projets améliorant la productivité des terres sont en oeuvre mais les actions locales sont mal coordonnées. Les rôles et responsabilités du secteur public et de la société civile sont mal définis. Le chevauchement des droits d'utilisation des terres  reste prédominant. Le cadre de la gestion des ressources naturelles, les connaissances et les ressources personnelles et financières font défaut. Les besoins en matière de développement limitent les options d'utilisation des terres.

De bonnes pratiques pour la restauration du paysage existent au niveau local mais très spécifiques aux sites et manquent du financement durable.

Scale of implementation
Intranational
National
Ecosystems
Agroforestry
Cropland
Rangeland / Pasture
Forêt de feuillus tropicaux
Forêt de conifères tropicaux
Thème
Fragmentation et la dégradtion de l'habitat
Adaptation au changement climatique
Erosion prevention
Restauration
Cadre juridique et politique
Acteurs locaux
Sensibilisation et communications
Forest Management
Emplacement
Antananarivo, Analamanga, Madagascar
Afrique de l'Est et du Sud
Traiter
Summary of the process

La création du comité national de la RPF et de la plateforme en tant que structures institutionnelles pour la coordination et les dialogues multipartites (BB1) a constitué la base pour passer de l'engagement politiques de la RPF  à la planification de la restauration. Le renforcement des capacités (BB2) a été fourni tout au long du processus pour soutenir le développement de la stratégie nationale de restauration des paysages forestiers (BB3) en tant que document cadre pour une identification et une priorisation plus poussées des paysages à restaurer par une analyse spatiale multicritère (BB4).

Building Blocks
Coordination intersectorielle par le biais de dialogues interministériels et multipartites

Un comité national multidisciplinaire sur la RPF a été mis en place en tant que comité consultatif, facilitant la coordination intersectorielle et interministérielle pour passer de l’engagement à la RPF à des politiques et des actions concrètes. Il s’agit de 15 personnes venant des ministères de l’environnement, de l’agriculture, de l’énergie et de l’eau, de l’aménagement du territoire et des représentants de la société civile et du secteur privé. Il est constitué de cinq groupes de travail traitant i) la gestion des forêts, ii) l'eau, iii) l'agriculture, vi) le financement et v) la gestion des sols. Il valide toutes les décisions clés. Les membres participent également en tant que personnes ressources aux activités de renforcement des capacités techniques.

Le comité a mené une évaluation des besoins des parties prenantes et des capacités, une analyse du financement et a facilité divers dialogues multipartites, et veille à ce que les intérêts des parties prenantes impliquées soient pris en compte.

Le plateforme RPF est un forum de dialogue multipartite de plus de 50 membres, dirigé par le comité RPF, pour discuter, proposer et valider des solutions pratiques pour la RPF aux niveaux régional et local et soutenir la mise en œuvre de la stratégie et du développement des capacités.

Enabling factors
  • Le point focal de la RPF a été nommé immédiatement après l’engagement à l’AFR100 en 2015 pour mener le processus. Il était la personne clé et le moteur grâce au très bon réseau avec différents ministères et groupes de parties prenantes, agissant en tant que courtier en connaissances institutionnelles, en réseau et en maintenant l'élan politique.
  • Forte synchronisation des différents concepts, cohérence des politiques grâce à l'interaction entre les points focaux responsables des différents engagements, tels que les mangroves, la UNCCD, etc.
Lesson learned
  • Il était crucial de s’entendre sur une définition commune du «paysage» en tant qu’unité de bassin versant; les acteurs l'ont utilisé différemment dans le passé.
  • La planification spatiale existante ne couvre que les divisions administratives et l’approche paysagère utilise les divisions des bassins versants. Des consultations avec le ministère de la planification ont été nécessaires pour adopter l'approche paysagère et les résultats de cette solution dans le plan spatial national.
  • La RPF est un concept de paysage multisectoriel intégrant diverses parties prenantes. Au début, la plateforme ne visait que le secteur des forêts et de l'environnement. Il était crucial de s'ouvrir à d'autres secteurs comme l’aménagement du territoire et de l’eau.
  • La restructuration du comité était pertinente pour refléter les priorités de la RPF et assurer le renforcement des capacités
  • L’établissement de sous-groupes thématiques a permis une meilleure opérationnalisation.
  • Le haut niveau de participation des différentes parties prenantes a assuré la légitimité des résultats.
Renforcement des capacités des acteurs

Les décideurs nationaux ont suivi des formations concernant les termes et définitions de la RPF, les stratégies de lutte contre les facteurs de dégradation (bois énergie, par exemple), et les options de financement de la RPF. Le renforcement des capacités a été mené de manière continue et comportait un caractère de «formation sur le tas» avec des aspects concrets tels que les études RPF (étude MEOR, options de financement de la RPF), la stratégie nationale RPF et l'identification des paysages prioritaires RPF. Environ 40 acteurs (universités, société civile, secteur privé) ont apporté leur contribution sous forme de questionnaires pour définir les domaines prioritaires pour la RPF, base des renforcements des capacités.

Les diverses conférences régionales et internationales RPF & AFR100 ont complété leurs formations et cela a permis un échange de connaissances poussé au niveau international pour améliorer les stratégies nationales.

Actuellement, le renforcement des capacités se concentre au niveau régional. Un module de formation a été développé et testé dans la région Boeny en avril 2018 et sera adapté pour être appliqué dans la région Diana. Des formations supplémentaires seront organisées pour le ministère de l'aménagement du territoire, couvrant la gouvernance foncière.

Enabling factors
  • Une évaluation des besoins des parties prenantes et des capacités a été menée et achevée (06/2016)
  • Les expériences personnelles élevées et les compétences techniques des membres du Comité national de la RPF ont été des atouts importants pour le renforcement des capacités.
  • Engagement politique élevé des partenaires
  • Soutien du BIANCO (agence nationale anti-corruption indépendante) pour améliorer la transparence dans le secteur forestier (jusqu'à la fin de 2016)
Lesson learned
  • Les formations et échanges réguliers ont permis de parvenir à une compréhension commune du concept de la RPF en tant qu’approche multisectorielle du paysage et de sa mise en œuvre pratique à Madagascar au niveau politique, stratégique et pratique.
  • Il était crucial d’améliorer les connaissances sur l’approche de la RPF en fonction des discussions internationales et des réalités locales. Chaque acteur avait ses propres définitions de "paysage". Renforcer ainsi leurs capacités s'est avéré essentiel pour assurer le même niveau d'information à toutes les parties prenantes surtout celles des secteurs autres que l'environnement.
  • L’aspect novateur était que les membres du Comité national consacraient beaucoup de temps et participaient activement au développement de modules de formation et au renforcement des capacités.
  • La mise en œuvre du renforcement des capacités était hautement participative et le contenu a été amélioré continuellement par les participants, adaptant également le « langage » des secteurs clés comme la planification de l'utilisation des terres et la finance.
Développement d'une stratégie nationale de restauration des paysages forestiers

La stratégie nationale de restauration des paysages forestiers et des infrastructures vertes a été développée de manière participative pendant 8 mois à différentes étapes:

  1. Définition du périmètre au niveau des comités et rédaction des termes de référence, sélection des conseillers,
  2. Validation de la méthodologie,
  3. Consultation du gouvernement, de la société civile et du secteur privé au niveau régional (10 régions sur 22),
  4. 2 ateliers de validation au niveau national pour le comité et la plateforme,
  5. Communication de la stratégie au niveau du Conseil des ministres (réunion de tous les ministres et premiers ministres),
  6. Diffusion sur le site du ministère de l'environnement et des forêts.

La stratégie fait le point sur la situation actuelle et les conditions-cadres à Madagascar, analyse les principaux défis pour atteindre l'objectif de 4 M ha d'ici 2030 et donne des conseils stratégiques sur la manière de les surmonter et de mobiliser les acteurs clés.

La stratégie recommande des priorités stratégiques couvrant la bonne gouvernance, la planification spatiale cohérente, les mesures de restauration technique et la mobilisation des ressources. Ils se répartissent en 12 objectifs et activités concrètes.

Enabling factors
  • Une étude sur les opportunités de la RPF - suivant la méthodologie de l'UICN -depuis 2015 a servi de base technique.
  • L’élaboration de la stratégie a coïncidé avec la révision de la "nouvelle politique forestière" du Ministère de l’environnement et des forêts où la RPF en est une priorité clé.
  • La nouvelle politique énergétique nationale appuie la mise en œuvre de la stratégie de la RPF par la restauration de 40 000 hectares/an de forêts et de plantations forestières pour l’approvisionnement énergétique domestique ruraux.
Lesson learned
  • Il était crucial que la stratégie identifie ouvertement les défis et le potentiel d’amélioration, y compris les questions de droits fonciers, le manque actuel de coopération intersectorielle et la faiblesse de la gouvernance, reflétant la prise de conscience des problèmes existants.
  • Pour son acceptation et sa légitimité, il était essentiel de développer les éléments clés de la stratégie dans un processus participatif avec le comité de la RPF.
  • L’idéal était que la stratégie soit validée officiellement par un décret interministériel impliquant des secteurs clés; mais cela ne suffisait pas et un long processus de solicitations au sein des puissants ministères concernés était nécessaire. Intégrer les secrétaires généraux des ministères de l'agriculture et de l'aménagement du territoire au sein du comité de la RPF était la solution pour intégrer la stratégie.
Analyse spatiale multicritère pour la hiérarchisation des paysages pour la restauration

L'approche s'est concentrée sur 3 fonctions écosystémiques essentielles: l'eau, la biodiversité et le sol suivant les différentes étapes comme suit:

  1. Identification des paramètres et critères pertinents pour les services écosystémiques (>100 critères)
  2. Pré-filtrage: spatialisation des paramètres à l'échelle nationale, régionale et locale (41 critères disponibles spatialement)
  3. Consultation: sélection des critères définitifs basés sur 3 groupes (eau, biodiversité, sol) lors des travaux de groupe, consultations directes, établissement des priorités, pondération des indicateurs et détermination des critères prioritaires (28 critères prioritaires). Exemples: précipitations, ressources hydrologiques, densité de la population, utilisation des terres, carbone du sol et productivité
  4. Analyse multicritère, préparation de 14 cartes de scénarios combinant différents groupes (eau, biodiversité et sol) avec quatre niveaux de priorité, identification de la zone prioritaire de 11 122 540 ha
  5. Vérification des résultats basés sur les données de l’étude de la méthodologie d’évaluation des opportunités pour la restauration (MEOR) et d’autres sources
  6. Validation des résultats par le comité national et la plateforme RPF et sélection de 8 bassins hydrographiques prioritaires
Enabling factors
  • Existence de documents politique et de planification définissant les opportunités générales de RPF
  • Analyse des options de financement et des opportunités d’engagement du secteur privé dans la RPF (fin 05/2017)
  • Plateforme de dialogue RPF avec intérêt et mobilisation des acteurs
  • Passage d'un écosystème forestier axé à une approche écosystémique au niveau du paysage intégrant la prévention de l'érosion et l'approvisionnement en eau
  • L’utilisation des terres habituelle n’était plus une option à cause de la forte dégradation écosystémique
Lesson learned
  • L'identification des trois groupes de fonctions écosystémiques (eau, biodiversité, sol) a beaucoup aidé les parties prenantes à comprendre leur propre rôle et espace d'action
  • Une consultation approfondie et la participation de 38 organisations différentes sont essentielles afin de prioriser les zones de restauration de manière transparente et participative et de créer un consensus sur la décision finale pour être unanimement acceptée
  • Il était essentiel de trouver un consensus politique pour une répartition géographique plus équilibrée des zones prioritaires de 4 millions d’hectares
  • Le processus a permis d’établir une définition officielle des 159 bassins versants
  • Le processus était très technique mais a déclenché une réflexion politique intense vue qu’une approche globale du paysage a été utilisée pour la planification et la prise de décision et a révélé un énorme potentiel pour la RPF
  • Les décisions ont également été guidées par les politiques actuelles dans le secteur de l’énergie et de l’environnement pour assurer la cohérence
Impacts
  • Les décideurs perçoivent la RPF comme une approche qui accroît la productivité des paysages, la sécurité alimentaire, l'accès à l'eau et la résilience au changement climatique et la préservation de la biodiversité
  • La gouvernance foncière dont la coordination intersectorielle au niveau national a été considérablement renforcée
  • Les capacités des parties prenantes nationales en matière de RPF ont été renforcées de la formulation des politiques nationales à l’identification pratique des paysages à restaurer. Les acteurs ont pris conscience de la nécessité d'une coopération multisectorielle pour mettre en œuvre les activités de la RPF de manière durable
  • Des synergies avec d'autres politiques (énergie renouvelable via l'approvisonnement de bois de chauffage) ont été utilisées
  • De nouvelles politiques sectorielles sont développées avec une mise en cohérence plus élevés entre les différents approches et concepts (exemple: directive nationale pour les actions de reboisement)
  • La prise de conscience politique sur l’approche RPF et l’élan politique en faveur de la restauration ont été considérablement renforcés

Dans la région Boeny, un "paysage pilote de la RPF" a été mis en place avec un dialogue multipartite couvrant la restauration sous différents angles thématiques et les premières étapes pour passer du niveau national au niveau régional.
 

Beneficiaries
  • Ministères nationaux (MEEF, MATSF, MINAE, MEAH) et leurs Directions régionales
  • Différents membres du comité national RPF
  • Services de vulgarisation régionaux
  • Organisations de la société civile et communautés locales
Sustainable Development Goals
ODD 1 - Pas de pauvreté
ODD 13 - Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
ODD 15 - Vie terrestre
Story
GIZ Madagascar
Julien Noel Rakotoarisoa (FLR Focal Point, MEEF, Madagascar)
GIZ Madagascar

Julien Noel Rakotoarisoa, Point focal RPF, (Ministère de l’Environnement, Écologie, et Forêts (MEEF), Madagascar)

 

L’évolution du processus RPF a progresser d’une manière remarquable à Madagascar depuis la déclaration d’engagement du pays à restaurer 4 millions d’ha de terre et de forêts dégradées à l’horizon 2030. En effet, la phase préparatoire a été abordée avec une coordination implacable du Ministère en charge des forêts qui gère le processus avec le soutien du programme germano-malgache de la gestion durable de l’environnement (PAGE) en collaboration avec la GIZ.

 

La clé du succès du lancement du processus RPF réside dans la nature dynamique de notre comité national RPF multisectoriel, auquel participent également divers acteurs de différents secteurs et différents domaines. Cela a permis d’assurer une planification globale de l’utilisation des terres, en tenant compte de l’intérêt de chaque groupe d’acteurs, à travers l’approche des services écosystémiques cible pour les futures actions de restauration.

 

Par ailleurs, le développement d’un programme de formation sur l’approche paysage en matière de gestion des ressources naturelles et de planification territoriale suivi de l’organisation des séances sur ces thèmes étaient essentielles et ceci à la demande volontaire des secteurs concernés. Cela donne beaucoup d’optimisme pour entamer la phase critique qui est le passage de la planification actuelle à la phase opérationnelle, cette dernière étant déjà marquée par des projets pilotes en vue de mettre en œuvre le processus RPF dans le pays.

 

Connexion avec les contributeurs
Other contributors
Joary Niaina Andriamiharimanana (National Senior Advisor, Author)
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)
Julien Noel Rakotoarisoa (National FLR Focal Point, Contributor)
Ministry of Environment, Ecology, and Forests (MEEF), Madagascar
Valérie Ramahavalisoa (ProSol Project Focal Point, Contributor)
Ministry of Environment, Ecology, and Forests (MEEF), Madagascar
Anna Rother (Advisor, Author)
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)
Mathias Bertram (Advisor, Editor)
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)