Mise en œuvre du JFM Tajiksitan
GIZ

Au Tadjikistan, les forêts ont souffert de la déforestation due à une pénurie d'énergie après l'effondrement de l'Union soviétique. Aujourd'hui, la faiblesse du système de gouvernance forestière et l'imprécision des droits d'utilisation des terres entraînent une mauvaise gestion et, par conséquent, un lent processus de reboisement. La faiblesse de l'infrastructure financière et l'afflux constant de fonds envoyés par les émigrés ont entraîné une augmentation du cheptel, ce qui a donné lieu à des conflits d'utilisation des terres, dont l'application est régie par des réglementations peu nombreuses et en partie contradictoires. Le changement climatique, qui accroît la fréquence et l'intensité des catastrophes, intensifie la pression sur les communautés et les écosystèmes environnants. Par conséquent, l'adaptation au changement climatique, la gestion durable des pâturages et des droits d'utilisation des terres clairs doivent faire partie intégrante de la gestion forestière. Cette solution constitue une ligne directrice pour la gestion intégrée des forêts, ancrée dans l'approche de la gestion conjointe des forêts (JFM), qui tient compte de l'adaptation au changement climatique, de la gestion durable des pâturages, de la préservation de la biodiversité et de l'équité entre les sexes.

Dernière modification 02 Oct 2020
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Contexte
Défis à relever
Avalanches/Glissements

Le Tadjikistan fait partie des pays d'Asie centrale les plus gravement touchés par le changement climatique. L'incidence croissante des catastrophes naturelles, telles que les glissements de terrain, les inondations et les sécheresses, ainsi que la baisse générale de la disponibilité et de la qualité de l'eau en sont la preuve. Après l'effondrement de l'Union soviétique, de vastes zones ont été déboisées pour répondre aux besoins en bois de chauffage, notamment pendant la grave guerre civile qui a sévi de 1992 à 1997. Cette situation rend aujourd'hui le pays plus vulnérable au changement climatique et exacerbe ses effets négatifs. Les conflits liés à l'utilisation des terres contribuent également à la surexploitation et à la dégradation des zones forestières. Les terres forestières sont de plus en plus en concurrence avec les pâturages insuffisants, ce qui a entraîné le pâturage de nombreuses zones forestières. La faiblesse du système financier et l'afflux constant de fonds envoyés par les émigrés ont stimulé l'investissement dans le bétail, ce qui a entraîné le surpâturage d'une grande partie des pâturages et des forêts. La restauration des paysages forestiers nécessite donc une solution intégrative et à plusieurs niveaux.

Échelle de mise en œuvre
Local
Intranational
National
Écosystèmes
Agroforesterie
Forêt de feuillus tempéré
Forêt sempervirente tempéré
Toundra, prairie montane
Thème
Fragmentation et la dégradtion de l'habitat
Adaptation au changement climatique
Réduction des risques de catastrophes
L'intégration du genre
Cadre juridique et politique
Acteurs locaux
Gestion des terres
Gestion des forêts
Gestion des pâturages
Emplacement
Panjakent, province de Sughd, Tadjikistan
Asie du Nord et Centrale
Traiter
Résumé du processus

La gestion forestière conjointe jette les bases d'une gestion forestière durable, les modules de développement des capacités et le travail au niveau national étant deux de ses composantes les plus importantes, tandis que la perspective paysagère est une extension qui permet de relever les défis environnementaux, économiques et sociaux actuels. L'ensemble de ces éléments constitue une solution de gestion forestière intégrée réussie qui peut être adaptée et repensée de manière modulaire à un contexte différent.

Blocs de construction
Approche de la gestion forestière conjointe (JFM)

La gestion forestière conjointe (JFM) est une approche de gestion forestière participative qui permet à la population locale - individus ou groupes - de s'impliquer dans la gestion forestière et de soutenir la réhabilitation des forêts naturelles dégradées sur le long terme. Ces personnes signent un contrat pour les droits d'utilisation des terres avec les entreprises forestières de l'État pour une période de 20 ans, avec la possibilité d'une prolongation. Ce contrat encourage les locataires à gérer durablement et à réhabiliter leur parcelle forestière, d'une superficie de 1 à 2 hectares en général. Outre le contrat, les plans de gestion et les plans annuels servent d'outils pour la planification de la gestion forestière et pour le suivi des activités et des résultats. Ils sont élaborés conjointement par les entreprises forestières d'État et le locataire respectif de chaque parcelle. Les tâches typiques spécifiées dans le plan annuel sont les mesures de protection de la parcelle contre le pâturage du bétail, la plantation d'arbres, la récolte et l'élagage. En outre, le plan annuel spécifie les parts de récolte des entreprises forestières d'État et du locataire de la forêt selon un principe de partage équitable défini dans le contrat. Le plan de gestion, élaboré pour une période de cinq ans, précise les objectifs à long terme, tels que l'installation d'un canal d'irrigation ou la diversification de la parcelle forestière.

Facteurs favorables

Alors que les droits d'utilisation des terres au Tadjikistan sont généralement accordés pour une courte période (généralement pour une seule saison), le contrat de 20 ans avec les entreprises forestières d'État permet au locataire de développer un plan de gestion forestière à long terme. L'approche de la gestion forestière conjointe a été introduite pour la première fois au Tadjikistan en 2006 et a depuis gagné en réputation. En 2011, l'approche a été formalisée et ancrée dans le code forestier national.

Leçon apprise

L'expérience a montré que le soutien de facilitateurs externes (par exemple, le personnel de terrain ou une ONG locale) est indispensable pour l'introduction de la GFP. Les deux parties contractantes, le locataire forestier et l'entreprise forestière d'État, doivent avoir une compréhension claire de leurs droits, règles et obligations. Par conséquent, il est fortement recommandé d'avoir des facilitateurs expérimentés et compétents présents sur le terrain, qui ont une bonne compréhension de l'approche et du contexte local. En outre, les facilitateurs doivent guider les locataires ainsi que le personnel des entreprises forestières d'État tout au long du processus de sélection d'une zone forestière, de présentation de l'approche aux communautés, de sélection des locataires forestiers, de délimitation des parcelles individuelles, de conclusion du contrat et d'élaboration des plans annuels et de gestion. En outre, la création de groupes de locataires forestiers s'est avérée fructueuse, d'autant plus qu'au Tadjikistan, les groupes communautaires sont relativement courants. Les locataires de la forêt réalisent ensemble des activités telles que la récolte, l'élagage ou la pose de clôtures.

Perspective paysagère

L'application d'une perspective paysagère à la gestion forestière permet de prendre en compte l'écosystème dans son ensemble. Pour cette solution, une attention particulière a été accordée à la biodiversité, à l'adaptation au changement climatique et à la gestion des pâturages.

Une parcelle forestière diversifiée présente de multiples avantages pour le locataire de la forêt. Tout d'abord, le locataire dispose d'une récolte diversifiée qui contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Deuxièmement, la diversité des espèces réduit le risque de parasites et augmente la fertilité du sol. Enfin, la diversité des forêts constitue un habitat pour les pollinisateurs, qui sont essentiels pour les arbres fruitiers et les arbres à noix.

Le Tadjikistan est sujet aux catastrophes, renforcées par la surexploitation des ressources naturelles et le changement climatique qui a des effets dévastateurs. Les glissements de terrain et les sécheresses sont des phénomènes courants, mais leur fréquence et leur intensité ont considérablement augmenté. La couverture forestière sur les pentes et le long des berges des rivières constitue une stratégie importante d'adaptation et de réduction des risques de catastrophe.

En outre, le bétail paît fréquemment dans les zones forestières, car les pâturages sont rares et les terres disponibles sont surexploitées et dégradées. Le pâturage des forêts réduit la couverture végétale, entrave le système racinaire et empêche la régénération naturelle des forêts. Par conséquent, la question du pâturage doit être abordée en même temps que celle des exploitants forestiers et des solutions doivent être identifiées pour aller au-delà de l'interdiction du pâturage dans les forêts.

Facteurs favorables

L'application d'une perspective paysagère permet d'aborder une multitude de problèmes, de difficultés et de risques pour la communauté. Par conséquent, cette approche est de plus en plus acceptée par les communautés locales, car elle prend en compte les défis environnementaux, économiques et sociaux.

Leçon apprise

L'expérience a montré que les délimitations politiques des terres ne correspondent souvent pas aux limites des écosystèmes. Les zones affectées au reboisement et au boisement ne couvrent généralement pas un écosystème entier, mais font partie d'un écosystème plus vaste avec lequel la zone forestière interagit et partage des ressources. Par conséquent, la gestion forestière doit tenir compte des implications et des interactions avec l'écosystème plus large dont la parcelle forestière fait partie. Étant donné que divers types et droits d'utilisation des terres interagissent dans un écosystème pour lequel différents organes ministériels sont responsables, l'établissement d'un dialogue intersectoriel pour favoriser la coordination et la coopération de tous les acteurs impliqués au niveau du paysage s'est avéré fructueux. Dans le cadre de la mise en œuvre du JFM au Tadjikistan, un échange semestriel a été mis en place, où les praticiens, les ministères concernés et les organisations locales et internationales échangent. Cette plateforme d'échange est non seulement appréciée par les partenaires, mais elle a également permis d'inclure la perspective paysagère. Il est donc fortement recommandé de mettre en place une plateforme d'échange.

Développement des compétences des exploitants forestiers et du personnel des entreprises forestières d'État

Le développement des compétences des exploitants forestiers et des entreprises forestières d'État (EFE) est également un élément important de la gestion intégrée des forêts.

D'une part, la formation aux techniques de gestion forestière est nécessaire soit directement pour les exploitants forestiers, qui sont souvent novices en matière de gestion forestière, soit pour le forestier local et d'autres employés de l'ESF. La formation comprend des techniques sylvicoles, telles que la greffe et l'élagage, et la gestion des espèces d'arbres fruitiers. D'autre part, une formation sur les droits et les responsabilités des deux parties au contrat, le locataire forestier et l'ESF, est nécessaire.

En outre, une formation modulaire pour les locataires forestiers et les forestiers a été développée afin d'encourager une perspective paysagère lors de la planification des activités de gestion forestière. Dans le cadre de ces modules de formation, les locataires identifient les menaces et les vulnérabilités de leurs communautés et apprennent comment le reboisement et le boisement peuvent constituer une stratégie appropriée de réduction des risques de catastrophes. En outre, les conflits liés à l'utilisation des terres forestières sont abordés et la formation fournit une plateforme d'échange et d'identification de solutions, par exemple en réglementant si, quand et combien de bétail peut paître sur les parcelles forestières. En outre, les exploitants forestiers découvrent les avantages de la diversité des zones forestières et les avantages de la plantation et de la greffe d'espèces d'arbres locales.

Facteurs favorables

Les capacités accrues permettent aux exploitants forestiers de planifier et de gérer leurs parcelles forestières de manière durable. La même formation est dispensée séparément aux hommes et aux femmes locataires de forêts, lorsque le contexte culturel empêche les femmes de participer activement aux discussions et que, par conséquent, des sessions séparées s'avèrent nécessaires. L'organisation de formations séparées pour les femmes par des femmes a permis aux femmes locataires de forêts au Tadjikistan de s'émanciper.

Leçon apprise

L'expérience a montré que souvent, ce n'est pas seulement la connaissance limitée de la gestion forestière qui entrave l'utilisation durable de la ressource, mais aussi le manque de communication et d'accords entre les différents utilisateurs des terres. En particulier, la gestion des forêts et des pâturages est en concurrence pour les ressources foncières limitées. Dans le passé, l'approche interdisait le pâturage dans les zones de gestion forestière conjointe. Cependant, les visites de contrôle ont montré que cette règle était fréquemment violée. Par conséquent, plutôt que d'interdire le pâturage sur les parcelles forestières, l'objectif est d'aborder le problème ouvertement avec la communauté. Comprendre pourquoi et quand ils font paître leur bétail sur des parcelles forestières et leur faire comprendre comment et quand cela nuit le plus à la forêt. Cela a permis aux exploitants forestiers de trouver des solutions, telles que la mise en œuvre d'un système de rotation des pâturages, afin de réduire les effets négatifs du pâturage libre et de s'attaquer au problème avec leur communauté.

Intégration de la gestion intégrée des forêts

Pour que l'approche soit appliquée avec succès, la gestion durable et intégrée des forêts doit non seulement être pilotée et pratiquée sur le terrain, mais aussi intégrée dans les stratégies nationales, les plans de développement et la planification et le suivi de la gestion forestière à long terme. Par conséquent, il est tout aussi important de travailler avec les exploitants forestiers au niveau local que d'intégrer l'approche au niveau national.

L'approche de la gestion conjointe des forêts a été ancrée dans le code forestier du Tadjikistan en 2011. Cela constitue la base juridique de la mise en œuvre et accélère la diffusion de l'approche dans d'autres régions du pays. Depuis 2016, une gestion forestière plus intégrative est pratiquée, pour laquelle un dialogue intersectoriel a été établi. Ce dialogue intersectoriel permet de relever les défis environnementaux, économiques et sociaux qui dépassent le mandat de l'agence forestière. La surveillance des forêts et la planification de la gestion sont renforcées grâce au soutien de l'unité d'inspection des forêts. Ce n'est que si un système de planification de la gestion forestière et une structure de surveillance des forêts sont en place qu'une approche telle que l'approche intégrée des forêts peut être étendue à l'ensemble du pays et que la mauvaise gestion, la corruption et les violations à grande échelle des réglementations (par exemple, le pâturage sur les parcelles forestières) peuvent être évitées.

Facteurs favorables

L'approche du JFM suit une approche à plusieurs niveaux, ciblant les niveaux national, régional et local, ce qui s'est avéré nécessaire et, par conséquent, fructueux.

Leçon apprise

Une solution théoriquement valable ne peut être aussi bonne dans la pratique que le système de gestion, de planification et de suivi qui la sous-tend, ainsi que le soutien politique dont elle bénéficie.

Impacts

La gestion intégrée des forêts permet de relever les défis environnementaux, mais aussi sociaux et économiques, en adoptant une perspective paysagère.

Les forêts jouent un rôle essentiel dans la régulation de l'équilibre hydrique et réduisent la vulnérabilité aux risques naturels, tandis que la biodiversité forestière améliore la structure et la fertilité des sols, réduit le risque de parasites et augmente le nombre de pollinisateurs. Cependant, l'augmentation du nombre de bovins n'a pas seulement entraîné la dégradation des pâturages, mais aussi le broutage des forêts. Le pâturage forestier entrave la régénération de la forêt et nuit au système racinaire, ce qui augmente encore le risque d'érosion du sol.

L'approche de la gestion intégrée des forêts est basée sur la gestion conjointe des forêts (JFM), où les individus jouent un rôle actif dans la gestion durable des forêts et reçoivent en retour une part équitable de la récolte, sur la base de droits d'utilisation des terres clairs et transparents pour une période de 20 ans. Ces droits d'utilisation des terres permettent une réflexion à long terme et, par conséquent, permettent aux exploitants forestiers de prendre des décisions de gestion durable.

D'un point de vue économique, les forêts jouent un rôle essentiel. Le bois de chauffage, le fourrage, les plantes médicinales, les fruits et les noix représentent une importante source de revenus. Par conséquent, grâce à la gestion conjointe des forêts, les exploitants forestiers tirent un avantage économique de leur parcelle forestière.

Bénéficiaires

Les principaux bénéficiaires de l'approche sont les locataires forestiers, qui reçoivent des droits d'utilisation des terres pour une parcelle forestière sur une période de 20 ans. Les bénéficiaires secondaires sont les représentants locaux de l'agence forestière nationale (entreprises forestières nationales).

Objectifs de développement durable
ODD 1 - Pas de pauvreté
ODD 3 - Bonne santé et bien-être
ODD 5 - Égalité entre les sexes
ODD 10 - Inégalités réduites
ODD 13 - Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
Histoire
GIZ
M. Khandamir Khujamerov, locataire forestier, Panjakent
GIZ

"La gestion forestière conjointe m'a motivé, ainsi que beaucoup de mes voisins, à réhabiliter nos forêts", déclare M. Khandamir Khujamerov. Il est l'un des 20 locataires forestiers de la communauté de Sarazm qui ont signé des contrats de gestion forestière conjointe avec l'entreprise forestière nationale de Penjikent. Les locataires ont conjointement réhabilité environ 20 hectares de forêts riveraines le long de la rivière Zeravshan. Au printemps, lorsque les températures augmentent, la rivière Zeravshan transporte les eaux de fonte des montagnes vers les basses terres et provoque régulièrement des inondations. Après un hiver rigoureux, la rivière atteint les villages, endommage les habitations et emporte le houmous sur les terres arables. Le changement climatique a encore augmenté le niveau des eaux en raison de la fonte des glaciers. La reforestation le long des berges a permis de maintenir la rivière à distance.

Depuis que M. Khujamerov a signé son contrat de JFM en 2013, il a planté plus de 500 arbres sur 4,3 hectares et a installé une clôture pour protéger les jeunes plants du bétail en pâture. Dans sa gestion forestière et ses plans annuels, il décide avec l'expert forestier local de la manière de réhabiliter ses parcelles et des espèces d'arbres à cultiver. En 2016, M. Khujamerov a diversifié ses parcelles forestières avec des saules et des peupliers et a planté de l'argousier le long de la clôture, qui, grâce à ses épines, éloigne le bétail.

"Les forêts sont l'une des ressources naturelles les plus importantes pour nous et elles ont une grande importance dans la vie des gens, en particulier dans les zones rurales comme notre village", explique M. Khujamerov. En effet, les forêts fournissent aux communautés rurales non seulement du bois de chauffage, mais aussi des produits forestiers non ligneux, tels que des herbes médicinales, des fruits et des noix.

M. Lumonov, directeur de l'entreprise forestière d'État, déclare : "grâce à des exploitants forestiers très engagés, comme M. Khujamerov, l'approche JFM s'est répandue dans d'autres villages de la vallée de Zerafshan, et de plus en plus de communautés nous contactent avec intérêt pour conclure un contrat JFM". Il explique également que l'approche JFM contribue non seulement à la réhabilitation des zones forestières, mais aussi au développement durable des communautés. Les exploitants forestiers ont uni leurs forces pour réaliser ensemble des activités forestières, telles que l'élagage ou la pose de clôtures. Cela a considérablement renforcé le sens de la communauté le long de la rivière Zerafshan.

"Nous, la population locale, sommes obligés de sauver la forêt pour nos enfants et nos petits-enfants", conclut M. Khujamerov, "pour chaque arbre tombé dans ce pays, nous devons en planter au moins deux nouveaux".